Le CACN avait été inauguré en 2017 au sein d’une ferronnerie du quartier Montcalm-République avant d’être installé de façon permanente ce mercredi 20 octobre 2021 au sein d’un bâtiment municipal basé dans le quartier Pissevin-Valdegour.Depuis, le Centre d’art s’est fait une place dans le milieu de l’art contemporain de notre territoire, notamment grâce à sa première exposition de grande qualité La lune dans un oeil et le soleil dans l’autre consacré au travail de l’artiste Léo Fourdrinier, qui a eu l’honneur de prendre place dans ces tous nouveaux locaux.
Pour cette deuxième exposition, intitulée Laisse à désirer, le CACN a fait le choix de mettre en valeur les productions de Mazaccio & Drowilal. Ce duo d’artistes s’est d’abord intéressé à l’édition, ce qui est visible dans les pièces exposées dans le lieu artistique nîmois. Nous y découvrons une rétrospective de leur production sur la dernière décennie, fortement influencée par le vécu de cette génération Y. Ces enfants des années 1990 utilisent le détournement des icônes de leur génération ainsi que leur symbolique dans le but de se les approprier. Nietzschéen ? Peut-être ! Depuis que le philosophe allemand a annoncé la mort de Dieu, l’homme est seul, se célébrant lui-même et ses propres créations, comme nous pouvons le voir avec l’oeuvre détournée des deux créateurs de Google ou encore plus généralement dans les codes qu’ils empruntent à la publicité. C’est avec un regard humoristique et sarcastique que Mazaccio & Drowilal posent un regard sans jugement sur cet apogée d’autocélébration de l’homme, résistant ainsi à son cynisme grâce à l’art.
Ce détournement dans les œuvres de Mazaccio et Drowilal se fait également à travers une division de l’espace et le temps. Les œuvres sont coupées, collées, additionnées, floutées, encadrées, rayées… leur permettant de jouer avec les espaces, les perspectives et les contrastes créant ainsi un univers qui leur ait propre à partir de celui des autres. Les œuvres sont souvent divisées en deux, le chiffre « 2 » étant symbolique de dualité, de l’échange et de la confrontation. La dualité est présente entre le travail des autres et leurs créations basées sont la réappropriation. Pour ce qui est de l’échange, on le retrouve d’abord dans leur processus de création : ils sont un duo. Il se fait également entre le spectateur et l’oeuvre, les confrontant ainsi aux images. Les couleurs flashy des années 1990, les murs divisés en deux avec des indications temporelles et les personnalités représentées (Leonardo Di Caprio, Cristiano Ronaldo, Sylverster Stallone) sont aussi une symbolique du temps qui a été, qui est, et qui sera.
Ainsi, le duo Mazaccio et Drowilal décident d’aborder les images avec humour… Une manière de nous interroger sur notre rapport à elles. Derrière l’humour, la parodie, la caricature et l’ironie se cache souvent un double plus grave.