Quand on pense à l’art à Florence, les premières œuvres qui nous viennent à l’esprit sont celles de la Renaissance : La naissance de Vénus de Botticelli, Medusa de Caravaggio… Pourtant, la capitale de la Toscane tend à s’ouvrir à l’art de son époque. C’est ainsi que le Palazzo Strozzi, qui a déjà effectué des monographies de Marina Abramovic, Jeff Koons ou encore Yan Pei-Ming, accueille jusqu’au 21 juillet une exposition autour des œuvres d’Anselm Kiefer.
Artiste allemand né en 1945 à Donaueschingen, Anselm Kiefer grandit dans une Allemagne dévastée par le nazisme et la guerre. Il se tourne vers l’art au milieu des années 1960 et suit notamment l’enseignement de Joseph Beuys en 1971. Rapidement, Kiefer réalise des créations avec différents moyens de production, travaillant autour de l’humain, de la mémoire, de l’histoire, de l’écrit : « En utilisant la peinture, la sculpture, l’installation et la photographie, l’art d’Anselm Kiefer propose un parcours d’introspection sur l’être humain, en explorant les liens entre passé, présent et futur ».
L’exposition débute dans la cour du Palazzo Strozzi. Anselm Kiefer y a installé une œuvre monumentale intitulée Engelssturz (la chute de l’ange), un tableau de plus de huit mètres de haut. Peu de tableaux sont présents dans les salles, vingt-cinq en tout (sans compter la salle qui est remplie d’œuvres), mais les formats sont généreux. L’artiste nous emmène dans son univers, nous plongeant dans l’histoire et la philosophie. Les références sont multiples et il est difficile de faire le tri. On pense à la Bible, à la mythologie, à l’Antiquité, à la Renaissance, à la Seconde Guerre mondiale, à Raphaël, à Cabanel, à Giordano, à Van Gogh… On pense devant les œuvres d’Anselm Kiefer. On pense à la condition humaine. Les hommes sont des anges qui chutent… Des anges déchus….
Ce flot d’informations et les réflexions labyrinthiques vers lesquelles nous dirige Kiefer ne nous font pas oublier la richesse formelle de ses œuvres. Ces dernières, épaisses, généreuses et puissantes, témoignent de l’importance des matériaux utilisés par leur créateur (comme le plâtre, le plomb, des graines, des branches ou des feuilles d’or…). C’est dans ces formes et dans ces dorures que jaillissent la poésie et le sublime. Avec ses formats monumentaux, nous plongeons dans la matière et Anselm Kiefer nous immerge dans son univers.