Est-ce que vous pouvez nous présenter votre parcours ?
Je suis totalement autodidacte. La céramique c’est quelque chose qui est venu à moi il y a trois ans. J’ai toujours été autodidacte dans ma façon de travailler dans ma vie. J’ai commencé dans le cinéma où j’ai fait plusieurs métiers avec de la mise en scène, de la déco, un peu de stylisme aussi… j’ai aussi fait de la scénographie pour des marques. A la suite de ça, j’ai eu envie de créer et c’est comme ça que j’ai découvert la terre.
Comment vous décrieriez votre travail en céramique ?
Je ne fais que de la sculpture, des pièces uniques. J’utilise différents grès chamottés avec la technique de la plaque. C’est-à-dire que je commence par faire des plaques, je dessine sur mes plaques et ensuite je les monte en volume.
Dans votre processus créatif, vous avez déjà une idée de la forme que vous souhaitez donner ou c’est quelque chose d’instinctif ?
Mon processus de création c’est une exploration de la forme abstraite pour aller trouver la multitude qui nous compose, ma singularité. J’essaie d’avoir l’empreinte de l’instant en me mettant dans une sorte de lâcher prise. Quand je travaille, j’essaye de penser le moins possible. L’exploration de ma forme j’aimerais qu’elle vienne de mon geste. Ce geste a des résonances avec des petits croquis que je fais dans des cahiers, mais qui ne sont pas forcément voués à être faits. Je croque des gestes libres en essayant de ne pas trop réfléchir. Quand après je fais mes plaques elles ont déjà plus ou moins une forme qui me guide vers l’inspiration. Selon la terre que j’utilise, elle peut m’inspirer aussi. Le but est vraiment d’avoir le geste le plus naturel possible, une ligne claire… Mon travail interroge la manière de se mettre dans une réflexion intuitive et instinctive, sans être dans une réflexion ou une résonance du beau. Ca ne part pas d’une construction politique ou d’une inspiration de la nature… ce serait plutôt quelque chose d’intérieur. Comment je créer mon propre langage intérieur. C’est comme un travail sans fin. Chaque pièce qui sort peut en amener une autre. En général une forme fait des familles, les pièces dialoguent et se renforcent. Le langage prend encore plus vie quand je mets les pièces ensemble et qu’elles se répondent. Ca m’amène dans un besoin profond d’être dans une liberté créative et de ne pas travailler sur commande.
Prenez-vous un peu de distance avec vos pièces ?
La distance que j’ai avec ma pièce se fait plutôt quand elle est montée, il va alors y avoir une sorte de réflexion. Je la regarde et s’il n’y a pas une évidence alors je peux la retravailler et revenir dessus.C’est quelque chose de très intuitif. Parfois ça sort très bien, et parfois ça demande de retravailler dessus.
La céramique est un support très contemporain dans l’art aujourd’hui. Est-ce que vous avez senti que cette matière marquerait l’art pour quelques années ?
C’est une pratique au départ qui avait quelque chose de très conservateur, alors qu’aujourd’hui elle se libère. Elle s’adapte en fonction des personnes. C’est une pratique qui est très accessible, c’est assez facile de pratiquer la terre et de ressortir quelque chose assez vite sans avoir un très grand niveau. Après, je ne me suis jamais posé la question de savoir si c’était contemporain ou non, ce n’est pas mon propos. En revanche cette pratique m’aide aujourd’hui, ce travail à quasiment une dimension thérapeutique. Cela m’aide à trouver la femme que je suis, de façon très singulière. Je n’ai pas du tout la prétention d’avoir une dimension innovante. Je sais qu’en céramique il y a beaucoup de gens qui ont cette ambition-là, mais moi mon innovation c’est ma singularité.
Vous habitez dans trois villes : Paris, Montpellier et Uzès. Ce triangle vous aide à trouver différentes inspirations ?
Ce ne serait pas vraiment un triangle, je dirai plutôt que c’est une ligne droite entre Paris et le sud. La façon de vivre dans le sud, en pleine lumière, à l’air libre… ça met dans des conditions différentes. Il y a aussi l’espace qui joue un rôle important. A Montpellier ou Uzès j’ai plus d’espace pour travailler, je peux élargir mon geste. De travailler dans le sud ça m’a appris à prendre de l’aisance et de la confiance. Il y a aussi les rencontres qui sont différentes. Ici elles sont très accessibles, il y a une grande générosité chez les céramistes que je rencontre dans le sud, avec un vrai partage. Il existe aussi à Paris, mais c’est plus compliqué.
Ou est-ce qu’on peut trouver vos pièces ?
J’expose de manière permanente chez Amélie Maison d’Art dans le VIeme arrondissement de Paris.