Brillante première pour Numa Hambursin en tant que directeur du Mo.Co. Si le retour en force de la céramique est un événement de l’exposition en soi, l’idée n’est pas de réaliser l’historique de la céramique, ni de faire un état des lieux de cette technique dans l’art contemporain, mais plutôt de s’intéresser à son rapport contradictoire au naturel. Le titre de l’exposition « Contre Nature » est emprunté à la traduction du roman À rebours de Joris-Karl Huysmans : Against Nature. On retrouve d’ailleurs une citation de l’auteur parisien en exergue de l’introduction de Numa Hambursin : « Après les fleurs factices singeant les véritables fleurs, il voulait des fleurs naturelles imitant des fleurs fausses ». Dans « Contre Nature », les artistes se rapprochent de la nature en pratiquant la terre, puis s’en éloignent en la transformant, pour à nouveau lui donner une forme proche du naturel.
Avec cette exposition, le Mo.Co sublime l’art subtil et très actuel de la céramique à travers deux centaines d’oeuvres judicieusement mises en espace par les curateurs Vincent Honoré et Caroline Chabrand. Pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance. Plus de 200 pièces de 30 artistes différents devaient trouver leur place à la Panacée. On sait qu’une multiplication des œuvres dans les espaces d’exposition donne souvent un rendu brouillon. Force est de constater que l’expérience des commissaires d’exposition a été bénéfique à la réussite de cet événement artistique estival. Nous avions déjà beaucoup apprécié la collaboration entre Vincent Honoré et Caroline Chabrand autour de l’exposition « L’épreuve des corps » à l’Hôtel des collections, nous avons ici le plaisir de retrouver la vision artistique d’un duo qui sublime les différents champs artistiques contemporains.
« Contre Nature » est divisée en trois espaces. On retrouve dans le premier un univers coloré, démonstratif… comme des végétaux tropicaux. Les pièces de Claire Linder (photo de couverture) nous ont particulièrement marquées par leur contraste de couleurs chaudes et froides, créant un mouvement dérangeant prêt à prendre vie à chaque instant.
Dans le second espace aride et minéral, l’ambiance est plus rocailleuse, notamment dans une pièce à côté qui met en lumière l’installation immersive Silent Landscape d’Anne Wenzel. Cette pièce nous fait pénétrer dans un monde sombre, chaotique, comme un cosmos miniature sur lequel se dressent des montagnes de roches noires.
Enfin, le troisième espace nous amène dans un pays imaginaire, moins ordonné, dans lequel se côtoient les installations et les sculptures. On retient notamment la sublime installation de Marlène Mocquet. Les visiteurs qui ne connaissent pas son travail pourront déambuler autour de son installation et découvrir son univers singulier et poétique qui se rapproche du conte.
« Contre Nature » est une exposition étonnante qui a le don d’interroger à la fois la pratique artistique, le rapport entre création et nature, mais aussi la notion d’esthétique. Chaque œuvre permet de raconter plusieurs histoires : celle de la céramique contemporaine, de l’univers de l’artiste mais aussi de ce qu’elle raconte en elle-même. Peut-être que la plus grande réussite vient de la surprise ressentit dès la première salle, qui ne nous quitte pas jusqu’à la fin de l’exposition. Numa Hambursin frappe un grand coup pour cette nouvelle ère du Mo.Co et le pari est incontestablement réussi. Maintenant, nous attendons avec impatience la prochaine exposition autour du travail de Berlinde De Bruyckere, qui promet aussi une grande réussite autour d’un univers artistique puissant et singulier.
A toutes fins utiles…
Contre Nature La céramique, une épreuve du feu.
https://flic.kr/s/aHBqjzRpdg
https://youtu.be/Sz7HDvTAptw
Cordialement.
UCE – FSC/P.34 – .
Médias/Actualités/Editions.
Philippe Maréchal.