2024 est donc l’année de la célébration internationale pour Judy Chicago. En plus de son exposition Herstory à Luma Arles, l’artiste américaine de 85 ans est actuellement à l’honneur à la Serpentine Gallery dirigée par Hans Ulrich Obrist à Londres. Si l’artiste est bien connue du monde de l’art pour être une artiste féministe engagée, elle n’avait jamais connu deux rétrospectives aussi importantes dans sa longue carrière de six décennies. Son installation The Dinner Party, composée de 39 couverts disposés en triangle et représentant chacun une figure historique féminine, est considérée comme l’une des œuvres majeures de l’art féministe et a fait de Judy Chicago une véritable pionnière. Si l’œuvre n’est pas présente dans Herstory(l’installation est conservée au Brooklyn Museum), les organisateurs ont tout de même souhaité montrer la pièce à travers une photographie monumentale.
Herstory se situe dans le Magasin électrique du Parc des Ateliers de Luma Arles et retrace donc les soixante années de carrière de Judy Chicago. Cette exposition a été coproduite avec le New Museum de New York où elle a été exposée en fin d’année dernière, avant d’être montrée sous une forme repensée et élargie à Arles. Divisée en onze séquences, cette rétrospective montre les travaux les plus remarquables de l’artiste américaine. L’exposition s’ouvre sur 140 dessins décrivant son état psychologique sur une année. Ils ont été réalisés en 1993 et 1994 et s’intitulent Autobiography of a Year. Suit l’installation Rainbow Pickett (1965) qui avait été présentée durant l’exposition Primary Structures: Younger American and British Sculptors organisée par le Jewish Museum de New York en 1966. Il s’agissait de la première exposition muséale américaine à étudier le minimalisme en sculpture.
Les visiteurs pourront ensuite découvrir des photographies et une vidéo de ses performances Atmospheres, mais aussi des séries réalisées à partir des années 1980 comme Birth Project, PowerPlay, Resolutions : A Stitch in Time (1994-2000), et The End : A Meditation on Death and Extinction (2012 – 2018). Comme nous l’indique Luma Arles, ces créations « élargissent le champ d’action de son programme conçu pendant la deuxième vague féministe pour faire face aux catastrophes environnementales, aux génocides, aux inégalités sociales, à la naissance et à la création, à la mortalité et à la construction de la masculinité ».
L’accrochage et la scénographie parfaite de Herstory témoignent de l’importance de cette exposition pour Judy Chicago et Luma Arles. La richesse des œuvres de Judy Chicago qui s’étale sur six décennies révèle les combats et les changements qu’ont connus nos sociétés. Les œuvres de l’artiste sont profondément intimes. Finalement, la première série de dessins de l’exposition (Autobiography of a Year) sont une belle représentation de l’œuvre globale de Judy Chicago. La plasticienne nous partage ses combats, mais aussi sesdoutes et ses joies.
Herstory est à découvrir jusqu’au 29 septembre dans le Magasin électrique du Parc des Ateliers de Luma Arles.