Dans ce monde guidé par la vitesse et les tensions, Sarah Jérôme souhaite apporter un peu de douceur et d’émerveillement. Cet état de sérénité passe souvent par la contemplation, qualité dont ont fait preuve les impressionnistes dans la deuxième partie du XIXe siècle. Justement, le point de départ de la série présentée à la H Gallery est un triptyque intitulé Revoir le ciel que la plasticienne a présenté à l’occasion du Festival Normandie Impressionniste 2024 pour les 150 ans du mouvement. Le titre de l’œuvre a donné son nom à cette série et à l’exposition à la galerie située au 39 de la rue Chapon à Paris.
Le premier élément qui intrigue lorsqu’on regarde les peintures de Sarah Jérôme, ce sont les supports. L’artiste n’utilise pas les toiles, préférant peindre à l’huile sur des calques. Lors de ma visite à la H Gallery, l’artiste me confie que la partie fondamentale du tableau est le paysage, c’est lui qui prend forme sur la transparence du support comme nous l’explique la galerie : « Les compositions sont marquées par une palette de couleurs variées, dominée par des rouges, bleus, verts et des touches de jaune, rappelant la riche palette des peintres fauves et impressionnistes. Cet héritage artistique est également visible dans le traitement de la lumière et la manière dont l’artiste capte des moments fugaces et des sensations éphémères. » Ce n’est qu’après avoir déposé ces couleurs éclatantes que Sarah Jérôme vient retirer de la matière avec différentes techniques pour apporter de la texture à sa composition et même créer des formes dans cette transparence retrouvée. Ainsi, les personnages apparaissent dans le paysage, ils naissent des végétaux, des minéraux, du ciel, de la terre de l’eau… Ils sont comme des êtres bienveillants, témoins d’une connexion véritable entre l’homme et la nature. La pâleur du calque et l’absence de traits qui les définissent les rapprochent d’une esthétique de l’âme. Certains touchent l’eau comme sur En Eaux vives (2024), d’autres s’embrassent ou s’enlacent comme Embrace I (2024) ou Revoir le ciel 2(2024)… Quoi qu’ils fassent, ces personnages sont des messagers d’amour et de tendresse, personnification de la richesse naturelle. Cette même nature et sa beauté, que nous avons tendance à oublier dans nos quotidiens urbains, explosent devant nous. Des œuvres poétiques et oniriques qui deviennent une ode à la méditation, et des images qui sont des métaphores de la liberté.
Sarah Jérôme est née en 1979 à Rennes et vit aujourd’hui à Montreuil. Diplômée du Conservatoire National Supérieur de Danse de Paris (1998), elle a également étudié aux Beaux-Arts de Paris. Ce double intérêt pour le spectacle vivant et la pratique plastique nourrit chez elle une recherche autour du corps, du mouvement et de la matière à travers différents supports (peinture, dessin, sculpture, installation, performance…). Détruire cette frontière entre les arts et créer des liens entre eux ouvre souvent les esprits, incitant des créateurs curieux à explorer de nouvelles formes en ayant recours à l’expérimentation. Il est certain que la pratique de la danse chez Sarah Jérôme a été un levier qui lui a permis de développer cet univers poétique et singulier.
Les œuvres de Sarah Jérôme seront également présentées sur le stand de la H Gallery à Art Paris (au Grand Palais à Paris) du 2 au 6 avril 2025. L’année dernière, l’artiste avait été choisie par Eric de Chassey dans son parcours sur la Scène française et avait été sélectionnée pour le Prix BNP Paribas Banque privée.
Revoir le ciel
Sarah Jérôme
H Gallery (Paris)
Jusqu’au 12 avril 2025