César… sculpture, compression, expansion

Dans notre dernier numéro, nous avions décidé de faire un focus sur Auguste Chabaud à l’occasion de notre dossier sur la peinture. Nous abordons désormais le deuxième artiste mis à l’honneur à Uzès : César Baldaccini. Portrait d’un artiste qui a ouvert un nouveau chapitre de la sculpture avec des créations toujours plus audacieuses...

Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
3 mn de lecture
Détail de "Compression Segafredo" de César - Photo : Thibault Loucheux / Snobinart

César Baldaccini est né à Marseille en 1921 au sein d’une famille très modeste d’origine italienne. À douze ans, il quitte l’école pour travailler avec son père qui est négociant en vins. En 1938, il suit les cours du soir de dessin et de modelage avant de s’inscrire à l’école des Beaux-Arts de Paris en 1943. Pendant quinze ans, César étudie la sculpture classique dans l’institution parisienne. Jeune artiste sans le sou, il utilise des matériaux peu onéreux pour réaliser ses sculptures (comme le fil de fer…) Il développe ainsi une nouvelle pratique à partir des déchets métalliques. César se passionne pour la récupération et la réutilisation de ces matériaux. Il incorpore alors ces éléments et fragments métalliques les uns avec les autres pour construire ses créations. C’est grâce à cette technique qu’il expose dans les grandes capitales européennes et devient ainsi le jeune sculpteur du fer à suivre.

À la fin des années 1950, César découvre l’une des toutes premières presses électriques à contrôle hydraulique installée en France. Quelques mois plus tard, il fait scandale au Salon de mai de 1960. Alors que tout le milieu de l’art s’attend à ce que l’artiste présente une de ses sculptures en fer soudé, César prend tout le monde à contrepied en exposant ses premières compressions de voiture. C’est un choc esthétique et une provocation. Pour beaucoup, ce n’est pas de la sculpture. Pourtant, avec le recul des décennies, tout porte à croire que les compressions de César sont des œuvres radicales qui ont considérablement fait évoluer la sculpture et ont changé notre regard sur cette pratique artistique.

« Cœur éclaté » (1960) de César – Photo : Peter Avondo / Snobinart

Ces œuvres puissantes et radicales s’inscrivent parfaitement dans le mouvement du Nouveau Réalisme que César rejoint la même année. Il est certain que la notoriété de César a beaucoup aidé à faire connaître le mouvement. Arman dit : « il nous servait de caution sérieuse ». À partir de 1968, César poursuit sa série des compressions en explorant d’autres matériaux que les voitures, comme les cannettes, les bouteilles en plastique… puis des matières plus nobles comme des bijoux en or réalisés en 1971.

Passionné par la matière, César ne s’arrête pas là. Après les compressions viennent… les expansions ! Au milieu des années 1960, César découvre la mousse du polyuréthane. Cette matière coule, déborde, s’étend et se répend dans l’espace en créant des formes.


César, c’est également les empreintes avec les pouces monumentaux… ou le trophée remis aux artistes du cinéma français… Un artiste qui a exploré la forme, la matière, les techniques… et qui a changé l’histoire de la sculpture.

Thibault Loucheux-Legendre

Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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