Voilà deux artistes que nous avons grand plaisir à retrouver. Nous avions découvert Nicolas Aguirre et Chloé Viton lors de l’exposition Possédé.e.s à la Panacée en 2020. Anciens étudiants des Beaux-Arts de Montpellier, ils ont tous les deux fait du chemin depuis la fin de leurs études au point de figurer à une place de choix parmi les artistes de la scène émergente.
L’exposition à Aperto s’intitule Mammatus, faisant référence aux extensions de nuages formés juste avant l’orage. Une façon de confirmer une tendance de l’art contemporain à s’intéresser à la lecture entre les lignes. Ces zones de transition sont ici vues comme un point de jonction entre différents flux d’histoires parallèles, comme une dimension onirique, flou dans laquelle se développe un univers créé par l’union des créations des artistes.
Dès que nous entrons dans l’espace, un sentiment d’angoisse et de malaise domine. Cette émotion naît par l’évidente étrangeté des oeuvres et de leurs couleurs sombres qui provoquent un fort contraste avec le white cube. Nous sommes bien dans un univers parallèle qui nous est inconnu. A l’entrée, Nicolas Aguirre a placé une installation (Totem Apotropaique n° 2) composée d’un gong qui a été utilisé pour chasser les mauvais esprits. Cette pièce éteint l’angoisse, mieux, elle nous rassure avec la présence de végétaux. Ce n’est pas la mort qui domine mais bien la vie… une autre… une différente. Nicolas Aguirre présente également trois toiles de sa série Mutation perpétuelle d’âme, sur lesquelles nous pouvons voir l’âme de sa grand-mère décédée en 2014. Des toiles puissantes desquelles il se dégage un sublime qui se rapproche de l’étrange et du mystique. D’autres peintures de cette série sont actuellement accrochées dans l’exposition Présentations par la coopérative curatoriale Radicants créée par Nicolas Bourriaud.
Chloé Viton a choisi d’exposer deux impressions sur velours (Fish Flutes et Midnight Blue), matière que l’on retrouve sur son personnage Oxygène (photo à la Une) qui s’impose au centre de l’espace. Cette pièce est issue de la série Cosmic Soup qui s’appuie sur la théorie de « la soupe cosmique primitive », une théorie de l’évolution selon laquelle plusieurs éléments chimiques se seraient assemblés par affinité dans un grand bain aqueux, créant ainsi les premières cellules. Chaque costume correspond à un élément. Ces pièces peuvent s’activer par des performances, comme celle qui a eu lieu au Centre Pompidou le 26 juin 2021. Oxygène vient donc compléter cette série composée du carbone, l’hydrogène, le potassium, l’azote, le magnésium et le phosphore. Des oeuvres hallucinantes témoins d’une mythologie créée par Chloé Viton.
En sortant de cette exposition hors du temps, l’angoisse a disparu… Au contraire… C’est apaisé que nous repartons vers notre dimension habituelle…