Les Beaux-Arts de Montpellier et Aperto inventent les vernissages virtuels

Les étudiants de troisième année de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier ont été invités à exposer pendant 48 heures leurs travaux à Aperto. Malgré les restrictions sanitaires et la fermeture des galeries, ils sont parvenus à réinventer le vernissage.

Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
6 mn de lecture

 Les étudiants de troisième année de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier ont été invités à exposer pendant 48 heures leurs travaux à Aperto. Malgré les restrictions sanitaires et la fermeture des galeries, ils sont parvenus à réinventer le vernissage.

C’est une expérience unique que nous avons vécue hier soir… Alors que cela fait un an que la culture est frappée par l’épidémie de Covid-19 et que nous vous annonçons des expositions virtuelles en essayant de cacher une certaine lassitude, les étudiants des Beaux-Arts de Montpellier ont eux aussi été contraints de faire ce choix en y ajoutant judicieusement de la convivialité !

Un vernissage virtuel

D’abord imaginé comme une exposition classique, les étudiants et organisateurs ont dû recomposer l’événement avec les annonces du Président de la République. En seulement une semaine, ils sont parvenus à mettre en place une plateforme permettant aux visiteurs de découvrir différents « salons », et ainsi échanger avec les étudiants. Une démarche qui pouvait ressembler à du rafistolage au premier abord que nous avons expérimenté hier… pour notre plus grand plaisir ! Un pari risqué qui se transforme en vraie réussite !
De 18h à 21h, les curieux ont pu échanger avec les étudiants en Visio dans une ambiance légère et conviviale qui nous manque tant.

Ce samedi 10 avril, un autre vernissage aura lieu sur la plateforme.


Une exposition autour du « rendez-vous »

Nous vous annoncions hier que les étudiants de troisième année de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier ont organisé une exposition virtuelle sur le thème du “rendez-vous”. Hier soir nous avons pu découvrir les pièces exposées.

Chacun a proposé un projet de son univers artistique en rapport avec cette notion de « rendez-vous ». Toutes ces pièces sont évolutives par leur disposition dans l’espace et par ce qu’elles racontent.

Les pièces de Alessia Balbo, Anouk Glorieux et Oihana Ospital.

Alessia Bablo interroge les idées d’architecture, d’urbanisme et d’organisme à travers KI, une pièce articulée autour des notions de connexion, composition, fragmentation, déploiement dans les matériaux, les gestes et le son. Toujours autour de l’architecture, Anouk Glorieux propose une multitude de petites constructions qui interagissent et se répondent créant une ville miniature dans laquelle le spectateur peut déambuler tel un géant. Oihana Ospital travaille quant à elle sur un espace fictif différent en composant avec le réel et en le déformant, le modelant avec des photographies teintées de paradoxes et l’ambiguïté.

Les pièces de Tristan Garros, Margaux Horel et Marie Gay-Etchart.

Caroline Fernandes est partie de la Colonne sans fin de Constantin Brancusi pour créer une colonne qui en reprend les proportions. Cette pièce est constituée de farine, d’eau, de graines, et elle est mise à disposition des oiseaux qui viennent s’en nourrir. Les enjeux écologiques se retrouvent dans le travail de Margaux Horel qui propose Aquarium, une installation réalisée à partir de matériaux réutilisables et/ou de seconde mains qui interroge sa culpabilité de consommatrice. Elle a également collaboré avec Alice Boyreau pour Office, pièce composée d’une table, d’un téléphone filaire, de végétaux, d’une lampe et autres éléments de bureau. Alice Boyreau propose aussi un montage vidéo d’un orchestre de chambre composé de 28 personnes interprétant la suite Hollberg (composée en 1884 par Edvard Grieg). Pour rester dans l’univers musical, Tristan Garros questionne les liens étroits entre musique, son, et mémoire à travers une installation qui « semble être une tête pensante qui grouille de pensées imperceptibles ». Luciana Cordero a aussi travaillé sur une installation qui questionne le rendez-vous virtuel, à la connexion caméra réseau en mélangeant des webcams live avec des vidéos simulant des rendez-vous virtuels.

Les pièces de Alice Boyreau et Luciana Cordero.

Julie Savoie a créé une boîte sur laquelle reposent deux billes qui sont en mouvement. En utilisant un déplacement à peine perceptible, elle joue avec l’attention du spectateur et créer une sorte d’ellipse spatiale et temporelle. Marie Gay-Etchart questionne également le spectateur avec une boîte : une caisse de transport dont le contenu est invisible aux yeux du visiteur, entourée d’œuvres minutieusement accrochées et mises en valeur, le tout stimulant l’imagination.

Pièces de Yuri Sohn et Julie Savoie.

D’autres étudiants ont choisi le support vidéo, comme Xantia Garcia-Luna qui tente de raccourcir la distance entre sa famille au Mexique et son quotidien en France. Elle a reproduit en vidéo le repas de ses parents à travers différents matériaux (argile, pâte à modeler, du carton, de la peinture). Luna Martin a choisi de filmer différents plans poétiques à travers une contemplation de la lenteur. Enfin, Yuri Sohn a créé une vidéo qui parle du désir de trois femmes d’être connectées les unes aux autres. Ce désir est exprimé par des gestes répétitifs ou par des parties spécifiques du corps.

Thibault Loucheux-Legendre

Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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