Comment s’est passée votre première vente aux enchères au Kiasma de Castelnau-le-lez le 25 septembre ?
JF : Nous étions très heureux de cette vente inaugurale. Il y a eu de belles surprises comme l’achat par le Musée Fabre de deux œuvres dont les carnets de dessins de Frédéric Peyson et un portrait de Laure Boyer par ce même peintre. Il y a également le costume du cabaret Madame Arthur qui a été acheté par le Musée des Arts Forains à Paris. C’est toujours valorisant pour un commissaire-priseur de voir trois des œuvres présentées rejoindre des institutions. L’étude préparatoire du Baron Gros, le Charlemagne pour la coupole du Panthéon, le lot-phare de la vente et qui a été adjugé 93 000 euros. De belles enchères avec plus de 100 personnes dans la salle et un peu plus de 400 inscrits sur le live, donc une vente très suivie. Le cadre s’y prêtait, le Kiasma se mariait bien à l’événement avec son caractère très muséal.
Votre prochaine vente aura lieu le 10 décembre…
JF : Tout à fait, la vente Luxe, calme et volupté. Une vente beaucoup plus « art de vivre » et « luxe », avec plus de 300 objets présentés, plus de 200 bijoux, une trentaine de montres et puis de la haute couture avec des sacs et foulards Hermès… Pour participer à la vente et enchérir on peut porter les enchères physiquement à main levée, suivre la vente sur Internet (retransmise en direct sur Drouot.com ndlr.), par téléphone ou en déposant des ordres fermes. Spécialement pour vous, nous avons sorti du coffre quelques objets que nous présenterons à cette vente.
Vous pouvez nous présenter cette parure ?
JLB : Cette parure comprenant un collier et une paire de pendants d’oreille est typique de l’époque Napoléon III. Caractéristique du faste des ornements entre 1852 et 1870, l’ensemble est en or jaune 18k, griffé de diamants taillés en rose, d’émeraudes et rehaussé d’émail noir. Comme dans le mobilier et les arts décoratifs en général, la création joaillière au Second Empire est marquée par un certain éclectisme ; un mélange des styles de siècles passés. L’âge d’or du bijou émaillé c’est la Renaissance et nous avons ici une réminiscence de cette période avec la pose d’un filet d’émail noir qui vient contraster l’éclat du métal précieux. La forme de ces bijoux alliée aux motifs de palmettes évoque aussi le XVIIIe siècle. L’attrait pour cette période devient une véritable mode lancée par l’impératrice Eugenie qui était fascinée par la reine Marie-Antoinette. C’est tout à fait le genre de parures qui étaient portées par les dames pendant les bals et les fêtes spectaculaires du Second Empire…
Comment évalue-t-on un diamant ?
JLB : Il y a plusieurs éléments à prendre en compte pour évaluer la qualité et donc le prix d’un diamant. Ces critères d’évaluation sont standardisés internationnalement, on parle de la méthode des 4C : Cut, Color, Clarity, Carat donc : la taille, la couleur, la pureté et le poids du diamant. La taille est un élément primordial, puisqu’elle va déterminer la réflexion de la lumière sur le diamant et donc son éclat. Aujourd’hui la taille dite « moderne » à 57 facettes est considérée comme la plus aboutie, mais les diamants de taille ancienne ne manquent pas de charme. La couleur est déterminée sur échelle de valeur de D à Z, les diamants incolores D sont les plus rares. Les diamants naturellement colorés sont très rares, moins considérés dans le passé, les couleurs vives sont aujourd’hui très recherchées. Un diamant peut présenter des inclusions, rares sont ceux qui n’en possèdent pas. Elles peuvent prendre plusieurs formes et vont jouer sur la valeur du diamant selon si les imperfections sont visibles à l’œil nu ou seulement à la loupe. Le carat est sans doute le critère le plus connu, il s’agit du poids du diamant. Cette mesure plus précise que le gramme est utilisée dans le monde entier. Pour l’anecdote, le terme carat tient son origine de la graine du caroubier… dans l’antiquité ce fruit était utilisé comme mesure, le carat est égal à 0,20 gramme, poids moyen d’une graine de caroube !
Vous avez souhaité nous présenter des montres également…
JF : Ce qui est passionnant avec l’horlogerie c’est que l’histoire de son évolution raconte également l’histoire de la conception que l’on a du temps. Les hommes portent des montres au poignet depuis peu, ce sont d’abord les femmes qui ont porté des montres-bracelets. On ne trouvait pas cela très viril, on préférait une montre de gousset qu’on rangeait dans sa poche. C’est à la deuxième moitié du XVIIIe siècle qu’on a commencé créer des montre qu’on appelle « chronomètres » ou « chronographes » qui permettent de donner la mesure du temps à la seconde. Dans cette vente, nous pouvons faire un panorama de l’évolution des techniques à travers des manufactures extrêmement célèbres et prestigieuses, comme Patek Philippe. Cette manufacture a été créée en 1839 et a la particularité d’être parmi celles qui a déposé le plus de brevets. Ils ont déposé le quantième perpétuel, c’est-à-dire les premières montres qui arrivaient à donner le jour, le mois, la date… Ils ont également créé le premier doubles chronographes. Ici on présente un modèle Calatrava, une montre en or 18k qui fait chronomètre qui est l’essence même de la simplicité, du luxe, du raffinement et de la précision. Nous avons également une montre Tank de Cartier qui a été créé autour de 1917. La marque s’inspirait alors de la forme des tanks de la Première Guerre mondiale pour les transformer en bijoux. Je peux aussi vous parler d’une icône de l’horlogerie : la Rolex Oyster. C’est la première montre étanche de l’histoire et elle date de 1928. Rolex c’est vraiment la montre des odyssées sportives. Nous avons une autre Cartier qui est étanche et qui détient une histoire toute particulière : en 1930, le pacha de Marrakech qui commande à Louis Cartier une montre de luxe en or mais étanche car il veut la mettre pour faire ses longueurs dans sa piscine. Cartier fait alors une montre de gros diamètre, automatique, avec une couronne vissée avec un petit saphir. Aujourd’hui le modèle Pacha est un modèle iconique de la marque. Enfin, il y a une odyssée qui a échappé à Rolex, et c’est peut-être la plus importante : l’odyssée de l’espace ! Omega a été le grand partenaire des conquêtes spatiales. La montre la plus emblématique de cette manufacture c’est la Speedmaster, qui était la montre de Buzz Aldrin qui était le deuxième homme à poser le pied sur la lune en 1969. Celle que nous présentons est légèrement différente, c’est la Flymaster. Si elle est aussi connue aujourd’hui, c’est qu’elle a été la montre d’Alexei Leonov, premier homme à avoir fait une sortie extravéhiculaire, donc le premier homme à être sortie de sa navette spatiale pour aller dans l’espace. C’est une montre très technique avec un chronographe, elle a une autre aiguille qui permet de donner un autre fuseau horaire… C’est un véritable instrument de navigation de poche d’une très grande précision.
Vente le 10 décembre 2022 à 14 heures à :
Hôtel Le Métropole – Océania Montpellier
3 Rue du Clos René, 34000 Montpellier
Expositions privées :
Les 8 et 9 décembre uniquement sur rendez-vous
Exposition publique :
Samedi 10 décembre entre 10 h et 12h à l’Hôtel Métropole