Nicolas Stevanovic : « Mon objectif est de créer de nouveaux concepts. »

Nicolas Stevanovic est un jeune homme d'affaires qui pourrait être le protagoniste d'une fiction. De ses débuts dans le football, en passant par la découverte de la mode jusqu'au montage de ses affaires, Nicolas Stevanovic est aujourd'hui motivé à l'idée de créer de nouveaux concepts. Après le lancement de sa marque de sur-mesure NS Concept, il lance cette année AS Retouche pour proposer à ses clients un service de retouche, personnalisation et de repassage de tous vêtements, toujours avec la forte volonté de toucher l'excellence.

Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
11 mn de lecture

Vous avez un parcours totalement atypique, pouvez-vous nous en parler ?

Je suis né en 1988 à Rosny-sous-Bois. Mon père est émigré yougoslave, il est arrivé très jeune en France et il a dû se battre pour s’intégrer, apprendre la langue… Ma mère était d’une famille de sept frères et sœurs, elle devait s’occuper d’eux. Tous les deux ont commencé à travailler très tôt et ont chacun pris des responsabilités. Je viens d’une famille dans laquelle la valeur du travail est très importante. Moi aussi j’ai eu un parcours précoce car je suis parti à douze ans du foyer familial pour aller en sport étude à Auxerre pendant deux ans. Ensuite j’ai signé au centre de formation de Dijon. J’y faisais mes entraînements et quelques entrées en Ligue 2 avant de signer à Jura Sud, mais au bout de trois mois j’ai eu un staphylocoque doré avec arthrose, thrombose, septicémie… On m’annonçait qu’il me restait une semaine à vivre… On m’a demandé ce que je voulais, je leur ai dit de me rapporter la Playstation. Au bout d’une semaine finalement j’allais bien, j’ai été parfaitement pris en charge par l’hôpital. Cette expérience a développé en moi un esprit un peu belliqueux et reconnaissant de la vie. Lorsqu’on m’a annoncé que j’allais sûrement mourir, je n’avais pas encore vingt ans et je me disais qu’il y avait plein de choses que je n’avais pas faîtes encore, je n’ai pas eu mes enfants, je n’ai pas rencontré la femme de ma vie, je me suis pas marié, j’ai pas eu mon permis de conduire… Cela m’a permis de voir la vie de manière pérenne, sereine et positive. Après une bonne rééducation, de la persévérance et quelques infiltrations je suis parvenu à rejouer mon premier match officiel dans le 77 à côté de Melun. Alors que j’étais à nouveau en pleine expansion et qu’on m’annonce que je vais signer en National, je me fais les ligaments croisés à la 23e minute contre Quevilly… A 21 ans je suis reparti pour une rééducation, mais surtout je rencontre des personnes qui ont pu me guider dans ma vie. Alors que je pensais vivre une période noire de ma vie, je rencontre un certain Saïd Filali, international de rugby qui a joué dans les plus grands clubs du monde. Un jour je lui demande comment il a fait pour avoir fait les plus grands clubs de la planète sans la télévision, sans agent et avec peu de moyens. Il m’a dit : « à l’instinct et au culot. » je retiendrai toujours cette phrase et son exemple. C’est à nous de prendre notre destin en main, de se donner les moyens financiers et mentaux de faire les choses. Après j’ai signé en Allemagne où j’ai fait ma dernière année dans le football, puis je suis revenu en France et je me suis marié avec Jelena. Quand je suis revenu je n’avais pas de diplômes et je me suis donné les moyens de trouver une structure sur Paris qui regarderait plus ma personnalité et ma motivation que mon CV. Finalement j’ai trouvé aux Nouveaux Ateliers où j’ai rapidement monté les échelons au point d’ouvrir une autre de leurs boutiques. Cette expérience m’a donné le goût de l’entrepreneuriat. Au bout de trois ans chez Atelier NA, nous avons totalement changé de vie avec Jelena en partant pour Nîmes.

C’est ici que l’aventure NS Concept se lance ?

Tout à fait, Nîmes est une ville qui nous a ouvert les bras et au bout de six mois, en juin 2017, nous avons lancé NS Concept. Très rapidement nous avons eu une belle notoriété qui nous a permis d’être implanté dans tous les réseaux nîmois, que ce soit les réseaux sportifs, professionnels… Nous avons été très bien accueillis, les Nîmois étaient fiers qu’une nouvelle structure avec un concept nouveau s’implante dans leur ville. Depuis, nous vivons une période de bonheur avec la naissance de ma fille en 2018, l’achat des locaux rue Régale en 2019, l’année d’après l’arrivée de mon fils pendant le Covid. En 2021 nous connaissons une réouverture très positive qui nous permet d’ouvrir un nouveau showroom en 2022.


Vous venez d’ouvrir un atelier de retouche en face de la boutique rue Régale ?

Oui, début 2023 je voulais ouvrir un pressing/atelier de retouche au 13 bis rue Régale que l’on a appelé AS Retouche (pour Anastasia Stevanovic), mais aussi pour le jeu de mots de « l’as de la retouche ». Dans ce lieu, nous n’acceptions pas que les produits NS Concept, mais bien tous les produits. Il y a une phrase que l’on aime bien utiliser, qui a été trouvée par Fanny Froment (qui s’occupe de la communication ndlr) : « AS Retouche, votre nouvel atelier de retouche personnalisé et qui prend soin de tous vos vêtements. » Cet atelier est complémentaire de nos activités initiales. Avant on sous-traitait les retouches, maintenant nous avons une vision du matériel qui est utilisé. On propose un accueil personnalisé et également une qualité de produit avec des machines haut de gamme et surtout une couturière professionnelle avec 20 ans d’expérience. Cela nous permet de faire des personnalisations et de faire tous types de retouches, de la fermeture-éclair au lustrage d’un costume à la remise à taille… Nous proposons aussi un service de repassage sur vêtements propres. Lorsque nous avons la volonté d’ouvrir quelque chose, c’est pour que ce soit au minimum aussi bien que ce qui est déjà proposé sur Nîmes et alentour, même si nous voulons aussi apporter des services complémentaires. L’objectif sera aussi d’ouvrir un pressing, mais nous avons l’ambition d’ouvrir une usine de confection pour pouvoir créer de nouvelles marques de vêtements, notamment une marque de prêt-à-porter qui arrivera dans quelques mois. Mon objectif est de créer des nouveaux concepts.

Nicolas Stevanovic – Photo : Thibault Loucheux / Snobinart

On sait que la mode est importante dans le monde du football. Est-ce que cela a pu vous influencer dans le choix de votre orientation ?

Le football m’a surtout apporté une rigueur, une compétitivité positive, une motivation et une ouverture d’esprit. Mais ce qui m’a donné envie d’entrer dans le milieu du costume, ce sont trois séries. La première c’était Entourage, l’histoire d’un groupe de potes qui gravitent autour de la réussite du personnage principal qui est acteur. Mon personnage préféré était Ari Gold, l’agent du personnage principal. Il portait toujours des costumes magnifiques et il représentait aussi la présence dans les bons et mauvais moments. La deuxième série qui m’a influencé c’est Suits avec le personnage de Harvey Specter, qui porte très bien le costume et qui est protecteur avec le jeune Mike Ross. On y voit des jours positifs et d’autres plus compliqués, mais l’objectif c’est de trouver une solution pour rendre heureux les gens autour de soi. Je regardais cette série quand j’étais en Allemagne, à la fin de ma vie dans le football et je réfléchissais aux perspectives d’une nouvelle carrière. Et enfin la dernière série qui n’a fait que confirmer mon choix d’entrer dans ce milieu c’est Peaky Blinders. En mettant le côté mafieux de côté, on y voit le personnage principal développer ses activités, il ne s’arrête pas sur ses acquis. Il commence bookmaker, ensuite il entre dans le milieu des courses, il développe sa propre marque de boisson… tout en ayant cette volonté de protéger sa famille. Il a ce côté protecteur et leader qui est parfois incompris aussi.

Dans notre numéro 9, nous avons réalisé l’interview de Massimiliano Mocchia di Coggiola qui me disait que « les gens ont abandonné l’amour pour l’élégance ». Qu’en pensez-vous ?

Cela dépend dans quel secteur on travaille, dans quelle ville on évolue… Sur Nîmes c’est vrai que ça s’était un peu perdu. Il y a eu l’époque de Cacharel durant laquelle on aimait bien s’habiller, puis il y a eu une période après un peu plus calme… Trois belles structures de costumes ont redonné envie aux clients de s’habiller, nous sommes également arrivés… Mais il est vrai qu’en Italie c’est dans la culture de bien s’habiller, sur Paris c’est presque une obligation avec un sentiment de concurrence constante. Dans le sud on est moins stressé, il y a le soleil, la mer… Mais je trouve que ça reprend énormément. Les gens reprennent goût à l’habillement. Nous avons d’ailleurs un dandy qui vient s’habiller chez nous, Duke Vallington. Le dandysme revient à la mode revient à la mode et c’est très bien. C’est un retour sur certaines valeurs, comme la valeur de l’habillement, le respect des uns et des autres, le non-jugement… des valeurs que j’apprécie énormément. Il y a l’univers des musiques à l’ancienne, des traditions françaises, italiennes… c’est appréciable et c’est un beau monde.

Thibault Loucheux-Legendre

Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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