Entretien avec Camille Cattan : « Je ne peux pas vivre sans art »

Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
8 mn de lecture
Camille Cattan (photo : Thibault Loucheux)

Camille Cattan est une des personnalités incontournables à Montpellier. Organisatrice d’événements autour des univers de la brocante et de l’art, la montpelliéraine développe mille vies en une en étant toujours dans l’action avec un large sourire. Elle nous raconte ici son parcours, ses rencontres, sa sensibilité et ses projets.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Je vis à Montpellier depuis vingt-trois ans. J’ai grandi à Paris et je suis parti à Saint-Tropez pour faire des saisons. Là-bas j’ai rencontré beaucoup de monde, des gens de la mode et d’autres univers… J’ai adoré cette jeunesse tropézienne. Puis il y a eu la rencontre avec Montpellier. Mon père y avait fait ses études de commerce et il m’a dit que ce serait une ville qui allait me plaire, où je n’aillais jamais m’ennuyer avec de l’art, de la culture, de la musique, des gens sympas… Et j’ai ouvert les bras à tout ça avec joie en découvrant aussi que c’est une ville idéalement située. On peut se retrouver à la ville, à la mer, à la montagne, à la campagne… Il y a vraiment eu une évidence. Encore aujourd’hui quand je me balade dans les rues de l’écusson, que je connais comme ma poche, il y a toujours quelque chose que je découvre malgré mes vingt années vécues ici. Puis j’ai eu un parcours assez atypique. J’ai travaillé chez Pomme de Reinette et Pomme d’Api (magasin de jouets connu à Montpellier), j’ai travaillé dans la mode chez agnès b., puis j’ai monté une friperie qui s’appelait Hippie Market dans le quartier Saint-Roch. C’était une boutique qui marchait très bien et une période de ma vie où j’étais très heureuse.

C’est après que vous avez eu envie de créer des événements à Montpellier ?


Oui, je voulais créer quelque chose pour la ville de Montpellier, une animation, quelque chose de sympa qui fasse vivre la ville. Etant fille de marchand d’antiquaire et de l’organisateur du marché de Villeneuve-lès-Avignon, je me suis dit qu’il fallait que je fasse un marché de brocante professionnel hebdomadaire. Ce qui me plaisait aussi c’était d’ajouter des animations, avec un côté guinguette qui est très important. L’idée a plu à la Ville et on s’est mis à chercher un lieu. On a pensé à plusieurs endroits comme l’esplanade Charles-de-Gaulle, ou Sainte-Anne… Puis finalement ça s’est fait au Peyrou. L’Association des Antiquaires de Montpellier m’a beaucoup aidé et le 23 septembre 2012, j’étais au Peyrou, avec les camions qui arrivaient, et ça s’est fait très naturellement. Cette animation a pris tout de suite, sauf côté météo ! La première année a été terrible de ce point de vue là, mais on a tenu bon (rire). On va fêter les neuf ans très bientôt.

Après il y a eu l’aventure Marché du Lez !

Etant proche et amie d’Alexandre Teissier, il m’a proposé d’être directrice artistique du Marché du Lez au tout démarrage il y a cinq ans. On était peu nombreux au début, maintenant c’est devenu un grand lieu. J’ai été à ce poste pendant près de quatre ans. Aujourd’hui je m’occupe essentiellement des relations presse, relations publiques, des émissions de radio, des visites avec l’office de tourisme, des événements culturels… Je garde cette partie-là qui me plaît. J’y suis environ une fois par semaine. Depuis quelque temps je suis aussi partenaire de la Halle Tropisme avec l’organisation de la Supérette. C’est un événement qui a lieu tous les deux ou trois mois. Je m’occupe de toute la partie brocante / vide grenier dans ce lieu qui est génial. Lors de l’événement il y a aussi une vente de plantes, un marché des créateurs, de la musique… On y passe toujours des journées formidables.

Et la nouveauté 36h à Sète…

Oui ça fait quelques années que je voulais créer un événement à Sète. L’idée était vraiment de lier gastronomie, bistronomie, brocante et art. On choisit un établissement différent chaque mois, en juin c’était à the Marcel – the Rio, la seconde a été au Oh Gobie, la troisième chez Lanchois avec une nouveauté aussi avec la visite du Reservoir. La prochaine édition aura lieu les 10 et 11 septembre au Roquerols, ce sera plus accès sur la musique avec un coin vente de vinyles, ciblé plus musique / vintage.. Avec Johanna Pocobene mon assistante nous avons vraiment une équipe incroyable. On a envie de développer cet événement 36h, avec certainement un 36h à Montpellier et dans d’autres villes en France.

Camille Cattan (Photo Thibault Loucheux)

Vous nous avez dit qu’avec 36h à Sète vous avez voulu lier gastronomie, bistronomie, brocante et art. Qu’est-ce que ce lien représente pour vous ?

Je ne peux pas vivre sans art… C’est impossible. C’est vrai que 36h c’est beaucoup ça avec le côté gastronomie, le côté exposition… Quand on a une assiette parfois on peut imaginer un tableau, quand on boit un verre de vin on peut fermer les yeux et on va voyager. Je crois que ce lien permet aussi aux gens de se rencontrer et de parler de ce qu’ils aiment. On n’est pas obligé d’être hyper cultivé et de connaître tout pour s’intéresser. La culture ça doit être accessible pour tous et pour tous les milieux. C’est très important. C’est bien de mélanger tout dans tous ces sens. Ça permet aussi de s’intéresser d’une façon joyeuse et animée tout en évitant le côté pompeux qui peut fermer des portes à certains.

On connaît votre passion pour l’art, le cinéma, le théâtre, la danse… D’où vous vient ce goût pour les arts ?

Ça vient de Paris. Ma sœur m’emmenait dans les musées. La première exposition que j’ai faite c’était le Musée Rodin, j’allais aussi au musée de la mode… C’est ma famille qui m’a dirigé vers ces passions. Quand on a l’éducation artistique, on y va, on se passionne… Enfant j’étais déjà émue par des tableaux… J’ai gardé cette sensibilité en organisant des expositions avec des artistes que j’adore comme Karine Detcheverry, Salamech, Jimmy Richer, Mateo Venancio… Le cinéma est aussi une de mes grandes histoires d’amour. Je séchais les cours pour aller au cinéma sur les Champs-Elysées en passant de salle en salle. J’ai fait de la danse pendant longtemps, une dizaine d’années de danse classique et moderne avant de continuer dans les boîtes de nuit (rire). Et pour le théâtre c’est pareil, ma famille m’amenait au théâtre, ma sœur faisait du théâtre… A Montpellier il se passe de beaux événements qui entretiennent ce coup de cœur avec les belles programmations de Jean Varela au Printemps des Comédiens. Vraiment Montpellier est une ville extraordinaire quand on aime l’art.

Thibault Loucheux-Legendre

Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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