En deux jours, le Cinemed a présenté au public deux films inspirés chacun d’une œuvre de Fabrice Caro : Zaï Zaï Zaï Zaï de François Desagnat et Le Discours le Laurent Tirard. Si Fabrice Caro a déjà fait sa place dans le monde des cinquième et neuvième arts, la comédie cinématographique française pose enfin un regard passionné sur les histoires de l’auteur héraultais. Un renouveau du genre qui n’est pas pour nous déplaire !
C’est sous un tonnerre d’applaudissements qui Fabrice Caro monte sur la scène de l’Opéra Berlioz lors de la projection de Zaï Zaï Zaï Zaï. Ici, on ne présente plus l’auteur montpelliérain, il est même devenu une fierté locale ! Palladium aux pieds, jean relaxed clair, boucle d’oreille sur le lobe droit, zygomatiques activés… En plus d’avoir un talent fou, FabCaro est l’homme le plus sympathique de la planète. Après avoir publié plusieurs histoires à succès, il était normal de les voir adaptées au cinéma.
Zaï Zaï Zaï Zaï de François Desagnat
Zaï Zaï Zaï Zaï raconte l’histoire de Fabrice (Jean-Paul Rouve), acteur vivant dans le sud de la France qui part faire des courses. Une fois à la caisse du supermarché, il est incapable de présenter sa carte de fidélité, expliquant l’avoir oubliée dans son ancien pantalon. Il devient alors « ennemi public numéro un » recherché par la police.
A l’image de la BD, Zaï Zaï Zaï Zaï sera incontestablement le film le plus drôle de 2021 (avec, on l’espère, OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire de Nicolas Bedos). Si le film est une réussite totale c’est pour deux raisons : sa matière première et la manière dont elle est traitée par toute l’équipe du film.
Petit retour dans le passé : nous sommes en 2015 et Fabrice Caro sort Zaï Zaï Zaï Zaï aux éditions 6 pieds sous terre. L’accueil est très favorable, la bande dessinée devient culte et FabCaro se transforme en star de la BD. Avec ce livre, l’auteur fait une proposition différente et offre aux lecteurs un récit décalé très premier degré. François Desagnat remarque la qualité hilarante des dialogues et décide d’en faire un film. Dans le rôle principal, il choisit Jean-Paul Rouve qui n’hésite pas à crier au génie quand on lui parle de Fabrice Caro.
Lors de l’écriture du film, François Desagnat veut garder cet esprit premier degré qui n’est pas simple à adapter au cinéma mais qui est la bonne recette pour la réussite du film. Résultat : les dialogues sont brillamment exprimés par un casting cinq étoiles (Julie Depardieu, Ramzy Bedia, Yoland Moreau…), et certaines répliques deviendront certainement cultes ! Le film est plongé dans le burlesque et développe une idée encore indéfinissable car totalement nouvelle au cinéma. Un bol d’air frais sur la comédie française et des fous rires !
Le Discours de Laurent Tirard
Deuxième roman de Fabrice Caro, Le Discours (Gallimard) nous implique dans l’existence d’Adrien, jeune homme peu expressif mais qui n’en pense pas moins. Lors d’un diner de famille avec ses parents, sa sœur et son beau-frère, Adrien attend que Sonia réponde à son SMS et mette fin à la « pause » qu’elle lui fait subir depuis un mois. Entre deux plats, Ludo (son beau-frère) lui demande de faire un petit discours pour son mariage avec sa sœur.
Le film, sélectionné au dernier Festival de Cannes, est une nouvelle fois une comédie profondément marquée par l’univers de Fabrice Caro tout en étant radicalement différente de Zaï Zaï Zaï Zaï. Comme dans le roman, Adrien s’adresse à nous, brisant le quatrième mur et nous impliquant totalement dans son histoire durant une heure et demie. C’est à nous qu’il s’adresse quand il critique sa famille, qu’il nous confesse des histoires du passé ou encore qu’il espère trouver du réconfort dans cette situation délicate. Ce processus de mise en scène atypique peut heurter certains, mais nous, on a adoré !
Moins drôle que Zaï Zaï Zaï Zaï mais plus tendre, Le Discours est une vraie comédie romantique. Laurent Tirard s’inspire de Michel Gondry là où le film de Desagnat nous faisait plus penser à Bertrand Blier (Buffet froid notamment). Là encore, le casting est gagnant avec une prestation remarquable de Benjamin Lavernhe dans un rôle principal pas évident à interpréter.
C’était deux paris très risqués que d’adapter deux œuvres de Fabrice Caro. Mais que ce soit François Desagnat ou Laurent Tirard, ils ont tous les deux compris que pour que le film fonctionne, il faut passer par l’excès. Si le rire que nous procurait Zaï Zaï Zaï Zaï nous immergeait dans un univers burlesque, Le Discours choisit de conserver la forme du roman en l’adaptant au cinéma pour nous émouvoir. Quel bonheur de voir la comédie française se renouveler !
Photo mise en avant : Portrait de FabCaro (Fabrice Caro) © AFP / Joël Saget