Le 5 octobre 2011, Steve Jobs s’éteint à Palo Alto (Californie) d’une tumeur cancéreuse au pancréas. Mais qui était cet homme qui a changé nos vies ? Comment a-t-il vécu le chemin vers la mort ? Ce sont ces questions auxquelles le dramaturge Alban Lefranc répond dans une pièce qui reste purement fictive.
Nous y trouvons un Steve Jobs névrosé, maniaque et acariâtre qui vante la perfection de ses machines épurées en opposition avec la médiocrité de l’humanité. L’inventeur californien se refuse à l’artifice et aux questions inutiles, leurs préférant le col roulé noir et la nourriture identique à chaque repas (sans viande)… Il réfute l’idée même de la maladie.
Car oui… Steve Jobs est malade. Une tumeur attaque son pancréas, et ces cellules voyagent jusqu’aux autres organes pour attaquer son corps. Son esprit concret qui conçoit des machines ne comprend pas pourquoi l’on ne peut empêcher le voyage des cellules. Il n’accepte pas son sort, ventant le mérite d’autres parties opérationnelles de son corps comme sa rate, sa vessie ou son gros orteil.
Sur scène, Steve Jobs est accompagné de son « meilleur ami trahi » interprété par Frank Williams, qui joue de divers instruments et chante un répertoire contemporain, ainsi que de sa femme (Cécile Fisera) qui reste assise sur un canapé. Jobs ne leur accorde que peu d’importance, les laissant spectateurs de sa propre existence.
C’est le comédien Nicolas Maury, connu dans la série Dix pour cent et réalisateur du film Garçon Chiffon (sélectionné au Festival de Cannes 2020) qui interprète brillamment Steve Jobs. Il confirme ici qu’il est l’un des meilleurs acteurs de sa génération, capable de jouer les tourments humains en y apportant sa sensibilité sans y effacer le caractère du personnage. Avec le metteur en scène Robert Cantarella, ils ont choisi une interprétation essentiellement basée sur le corps. Ce dernier, accompagné des textes d’Alban Lefranc, est mis à nu (au sens propre et figuré), trônant sur un monticule de neige. Steve Jobs est nu, seul avec ses obsessions. Finalement, ce corps ressemble à ses machines, il est totalement épuré et dépouillé, mais aussi impossible à ouvrir pour le réparer. Une machine parfaite qui contient pourtant des failles.
(Photo de couverture : Cecile Fisera)
TEXTE
ALBAN LEFRANC
MISE EN SCENE
ROBERT CANTARELLA
AVEC
NICOLAS MAURY, FRANK WILLIAMS
SCENOGRAPHIE
ALIX BOILLOT
LUMIERES
PHILIPPE GLADIEUX
COSTUMES
CONSTANCE DE CORBIERE
ASSISTANAT A LA MISE EN SCENE
CECILE FISERA, JULIEN LACROIX
REGISSEUR
SOLEIMAN CHAUCHAT