On n’arrête plus Hervé Di Rosa ! L’année 2024 a été un cru d’exception pour le plasticien sétois. Intronisé à l’Académie des Beaux-Arts en juin dernier, il connaissait au même moment le Graal suprême pour un artiste : une rétrospective au Centre Pompidou (Les passe-mondes du 28 février au 26 aout 2024 ndlr.). Enfin, le peintre de la Figuration Libre présentait également une exposition qui lui tenait particulièrement à cœur au Miam (Musée international des arts modestes). Intitulée BEAUBADUGLY, elle avait pour ambition de réécrire l’histoire de la peinture contemporaine à travers les créations commerciales, considérées comme de mauvais goût.
Je ne me souviens plus vraiment de ma première rencontre avec les œuvres d’Hervé Di Rosa. C’était très probablement à Sète, au début de ma décennie passée dans l’Hérault. Il est toujours difficile d’établir un souvenir clair des images qui s’invitent dans le quotidien, un peu comme avec les œuvres de la pop culture. Cela tombe bien, cette même pop culture a été l’une des principales influences de la construction de l’œuvre d’Hervé Di Rosa. Il faut savoir qu’à Sète et dans l’Hérault en général, il est considéré à la fois une pop star, un artiste, un voisin, un membre emblématique de la Figuration Libre, un des fondateurs du Miam… A l’image d’un Robert Combas, il est une figure capitale de la création méridionale, nationale et internationale, tout en étant très proche de sa région et de ses habitants. Il partage ses curiosités, ses passions, ses envies, ses créations… en bref, les bonheurs de son existence avec une grande générosité et le public le lui rend bien. A Montpellier ou Sète, les habitants et visiteurs peuvent apprécier ses personnages imaginaires qui se cachent dans l’espace public ou dans les espaces culturels locaux. Ce sont des créatures que l’on croise, qui sont, qui vivent et qui nous racontent des histoires.
Si la pop culture a été déterminante dans les œuvres de Di Rosa, le cinéma a aussi été l’un de ses premiers amours artistiques. Dans sa jeunesse, il aime regarder le cinéma italien (Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini…) et américain (John Carpenter…) et cela l’a beaucoup influencé, notamment dans la construction narrative de ses tableaux.
Hervé Di Rosa continue son chemin sur la route dorée que lui a tracée 2024 en exposant pour la première fois chez Daniel Templon en ce début d’année 2025. C’est dans l’espace du 30 rue Beaubourg que les visiteurs peuvent découvrir Idoles et Trésors, une exposition regroupant une douzaine de peintures retraçant le travail du peintre sur les cinq dernières années. La galerie nous explique : « à travers cette exposition, l’artiste rend hommage à près de quatre siècles d’explorations culturelles qui ont marqué l’histoire, en puisant dans les riches traditions de la peinture, de la sculpture, de la musique et de la littérature (…) Sans respecter la moindre hiérarchie, l’artiste convoque sur ses toiles les majestueuses caravelles de Christophe Colomb, les abîmes mystérieux sous-marins de Jules Verne, les imposants temples mayas de Chichen Itza, ainsi que les somptueux sarcophages des plus éminents pharaons égyptiens. » Hervé Di Rosa s’inspire donc de l’histoire pour écrire les siennes, la réadaptant dans son univers si caractéristique dans lequel s’épanouissent toutes sortes de personnages singuliers, comme ses petits cyclopes. On plonge dans ses toiles foisonnantes et colorées pour en découvrir les détails, chacun dévoilant un enjeu narratif qui se met au service de la toile et de ce qu’elle nous raconte. Chaque tableau est un conte et leur découverte transforme l’exposition en une balade spatio-temporelle. On saute d’un monde à un autre avec la joie de se perdre dans les motifs, de s’immerger dans les couleurs… et on se dit que ces œuvres sont le fruit d’un peintre libre.
Idoles et Trésors
Hervé Di Rosa
Galerie Templon Beaubourg (Paris)
Jusqu’au 1er mars 2025