Jeune premier de l’art contemporain, Jean-Marie Appriou est parvenu à créer un univers fantastique et singulier. Né en 1986 à Brest, il obtient son diplôme aux Beaux-Arts de Rennes avant de développer une pratique autour de la sculpture, toujours en Bretagne. Il poursuit cette exploration à Paris, où il vit et travaille actuellement et participe à des expositions importantes dans les plus grandes structures artistiques du territoire hexagonal (Fondation Louis Vuitton, Palais de Tokyo, Musée du Louvre, Fondation Vincent van Gogh, Musée des Abattoirs…) mais aussi à l’étranger (Villa Médicis à Rome, Central Wharf Park à Boston…).
Jean-Marie Appriou s’empare de différents matériaux tels que l’aluminium, le bronze, le verre, l’argile, ou encore la cire pour modeler des figures fantastiques inspirées par la nature humaine, animale, végétale et minérale. Il en résulte des pièces multiréférencées invoquant à la fois l’histoire, les mythologies, la science-fiction ou la science au sens large. Ses œuvres sont comme des artefacts qui brouillent les pistes temporelles. On ne sait si ses créations viennent d’un passé ou d’un futur parallèle, pour finalement nous parler de notre dimension présente et de certaines problématiques contemporaines liées à la nature. Dans son processus de création (conception de la forme) comme dans l’incarnation de la pièce aboutie (le fond), les œuvres de Jean-Marie Appriou fait appel aux quatre éléments avec une grande poésie.
Dans la première salle, ses deux sculptures monumentales ont fière allure. Constellation Abyssale évoque un poulpe géant alors que Soul Gate (2024) représente une immense araignée à pinces à la fois menaçante et drôle. Ces réalisations faites avec de l’aluminium et du verre, nous expriment des sentiments contradictoires. On pense bien sûr à l’inquiétante étrangeté de Freud avec ces deux mastodontes qui trônent dans une salle d’exposition. Alors que leurs mouvements et le réalisme de leurs regards menaçants leur donnent quasiment vie, cela devrait inviter les visiteurs à la méfiance. Au contraire, ces derniers semblent amusés, préférant prendre la pose aux côtés des deux sculptures.
L’exposition est également parsemée d’Exonautes, figures faisant référence au cosmos qui ont donné leur nom à l’exposition. La Galerie Perrotin nous explique sur son site Internet : « cosmonautes russes, astronautes américains, spationautes européens, taïkonautes chinois… Chaque culture possède son nom pour dire les visiteurs du ciel. Exonautes, c’est ainsi que Jean-Marie Appriou appelle les siens. Des êtres fascinants, au corps de chrysalide, ou de momies cosmiques. Leur tête, c’est un crâne de cristal, au centre duquel fleurissent des visages, démultipliés comme sous l’effet d’une mitose — une division cellulaire qui rappelle l’éclosion de la vie initiale. » Ces Exonautes, considérés comme des« explorateurs de l’ultime » sont le fil rouge de l’exposition. Ce sont eux qui nous prennent par la main sans pour autant nous indiquer une direction. Ils sont les indices de la découverte, nous montrant le chemin d’une transposition de la vérité.
Les œuvres de Jean-Marie Appriou et leur accrochage immersif invitent le visiteur à découvrir l’univers de cet artiste inclassable comme on plonge dans un livre. Chaque pièce est le morceau d’une histoire que le plasticien nous raconte, nous donnant quelques clefs sans nous révéler les énigmes. Cette Exonaut Horizon est une ouverture vers l’imaginaire.
Exposition Exonaut Horizon à la Galerie Perrotin (76 rue de Turenne 75 005 PARIS) jusqu’au 16 novembre 2024.