Depuis de nombreux mois, on assiste à une l’escalade de mauvaises nouvelles et cela se ressent sur la création. Les artistes et les curateurs nous présentent de plus en plus d’œuvres engagées en lien avec les problématiques politiques, économiques, sociales, écologiques… Si nous comprenons l’évidence de telles prises de position des acteurs culturels, elles renforcent également l’idée que l’heure est à la résistance face à la division. On oublierait presque que l’art est aussi là pour assouvir nos besoins d’évasion…
Dernièrement, une exposition m’a fait retrouver une certaine innocence : Thomas Verny, Quelques choses à la Galerie Samira Cambie. À cette occasion, l’artiste montpelliérain a décidé de réaliser des peintures autour des Beatles : « Une nouvelle série de natures mortes et de figures autour de l’intégrale des albums de Beatles. Retour sur les très riches années Pop où peinture et musique fusionnaient via des pochettes de vinyles signées des plus grands noms, Peter Blake, Jann Haworth et Richard Hamilton ».
Virage thématique pour Thomas Verny ? Non, au contraire… L’artiste nous propose une exposition joyeuse et pleine de fraîcheur, qui laisse à l’intimité la place centrale de son œuvre. Qu’y a-t-il de plus intime que nos souvenirs ? En absorbant l’univers du groupe de rock britannique, le peintre nous offre un peu de lui, de sa jeunesse, mais également de la nôtre. S’ils ont performé et connu leur heure de gloire dans les années 1960, les Beatles n’appartiennent pas à une époque, mais plutôt à la jeunesse, ou devrais-je plutôt dire aux jeunesses. Que l’on soit un enfant des années 1940, 50, 60, 70, 80, 90 ou 2000, les Beatles se découvrent et s’apprécient avec l’innocence des jeunes années et nous renvoient tous à une certaine nostalgie. Thomas Verny nous offre des compositions dont il a le secret et sa riche palette de couleurs correspond parfaitement à la mythologie du groupe. La magie opère, on pourrait presque entendre Come Together, Love me do ou Yellow Submarine en regardant ses tableaux.
Thomas Verny aime dire qu’il déteste les voyages… pourtant, on peut dire que cette exposition nous a fait partir le temps d’un instant. C’est comme si la lourdeur du climat actuel avait laissé place à un vent de fraîcheur durant une courte visite.