Fiorenza Menini est née et a fait ses études artistiques à Montpellier. Au milieu des années 1990, elle est mise en quarantaine après avoir contracté la coqueluche. Une fois guérie, elle prend son sac à dos, son appareil photo et décide de traverser l’Atlantique et partir pour les États-Unis. Une fois à New-York, la jeune femme s’installe dans des squats et développe sa pratique autour de la performance notamment.
À travers des photographies, vidéos et carnets (de dessins, poèmes…), l’exposition nous propose de partir avec Fiorenza Menini dans le New-York underground de la fin des années 1990 et du début des années 2000. Céline Mélissent, commissaire de l’exposition, nous explique : « À une époque où l’image était très construite et codifiée, Fiorenza Menini travaille différemment, sans artifice et en totale autonomie. Elle s’empare d’espaces non désirables, ceux des femmes la plupart du temps. Elle engage son corps avec un appareil photographique comme prolongement ». Les photographies exposées au Frac montrent toute l’importance du questionnement du langage dans son œuvre, notamment par la mise en scène et l’importance de la performance. En effet, l’engagement du corps est capital dans son travail, choisissant de le montrer nu ou habillé de manière spécifique (de fourrure notamment).
On ressent une forte recherche de l’extrême chez Fiorenza Menini, une volonté de s’approcher des limites (voire de les dépasser) et ainsi créer un choc chez celui qui regarde. Ses pièces sont des œuvres coup-de-poing qui amènent à réfléchir à la fois sur les sujets qu’elle aborde (la femme, le féminin, le féminisme, le corps, l’espace…) mais également sur la question de la transgression. Sa démarche existentielle de partir à l’autre bout du monde avec le strict nécessaire en vivant dans des squats est en cohérence avec l’œuvre extrême qu’elle développe. Comme le dit Frédérique Villemur dans son texte de présentation de l’exposition : « Walk Man Walk like a Woman propose ces moments précieux et encore méconnus que sont les commencements d’un geste artistique, singuliers et constitutifs de la vie de Fiorenza Menini en tant qu’artiste-femme : résistance et persistance, apparition et disparition dans un univers hostile. Se parer et disparaître, mettre en crise le visible, laisser trace. Ou comment exister en tant que femme par l’art : ‘L’art, dit-elle, m’aide à vivre’ ». Certaines photos nous montrent d’ailleurs là où elle vivait, avec seulement un sac de couchage et quelques objets (poste radio, plan…), d’autres nous amènent à voir les espaces inhabités qu’elle expérimente (toits, sous-sols…). Pour aller plus loin, on pourrait même dire que sa vie et son art se confondent.