Le Musée de la Romanité met ses pendules à l’heure contemporaine ! A l’occasion des 30 ans de Carré d’art, les oeuvres d’Oliver Laric occupent la salle d’exposition temporaire.
Le sculpteur autrichien est diplômé de l’Université des Arts appliqués de Vienne en 2007 et s’inscrit rapidement dans le courant « post-Internet ». C’est à la fin des années 2010 qu’il interroge le caractère d’unicité de l’oeuvre d’art en s’inspirant des statues antiques (gréco-romaines) en les réinterprétant par l’intermédiaire des technologies digitales. Ainsi, Oliver Laric réalise des copies d’oeuvres grâce à des Scan 3D en les réinterprétant. C’est ici que la démarche devient fascinante. L’artiste interroge la propriété de l’oeuvre d’art mais également les limites de l’appropriation et de la réinterprétation. A qui appartient l’oeuvre ? A-t-on le droit de se l’approprier ? De la modifier ? Oliver Laric semble avoir choisi son camp en pratiquant une démarche jusqu’au-boutiste en mettant à disposition de chacun certains de ses modèles digitaux en libre accès sur la plateforme threedscans.com . Certains de ses travaux ont d’ailleurs été utilisés dans des clips musicaux, des reportages ou des publicités (les vidéos sont disponibles au début de l’exposition).
Mémoire vive est une exposition intelligente qui toucherait presque la perfection réflective tant elle crée un pont entre près de deux millénaires. Avec Mémoire vive, le Musée de la Romanité fait presque un virage à 360 d’un point de vue de la matière tout en conservant son identité antique par la forme. Cette réflexion sur la matière s’inscrit dans la lignée des artistes qui s’emparent de ces outils numériques comme moyen de production et de création (comme le Miam qui pose la question du code qui se transforme en matière dans son exposition Fait Machine). Cela s’oppose directement aux matières plus concrètes comme la pierre, le bois…
En contrebalance, il y a la forme. Cette dernière s’inspire largement des codes de l’antiquité avec des figures classiques de la période (comme l’Enfant au chien). Oliver Laric s’en inspire, les compose puis les recompose, s’inscrivant ainsi dans une lignée de jeunes artistes travaillant autour des formes antiques (comme Léo Fourdrinier, lui aussi exposé à Nîmes – au CACN – en 2021).
A l’heure où nous parlons d’un retour aux pratiques traditionnelles telles que la peinture ou la céramique, il est captivant de voir que l’inverse peut également se produire : les nouvelles technologies peuvent également servir à la réinterprétation des oeuvres passées.