Art et sport, entrons dans l’arène

L’été 2024 promet d’être sportif ! Entre l’Euro de football qui vient de se terminer et surtout les Jeux Olympiques de Paris, ces événements incontournables nous ont amenés à réfléchir à la relation qu’entretiennent l’art et le sport. Ces deux disciplines souvent considérées comme opposées se rejoignent et se nourrissent sur bien des aspects, notamment autour de la passion et de l’émotion.

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
5 mn de lecture

Nous voilà quelques minutes avant la compétition… Nous sommes dans le couloir à côté de l’adversaire et nous attendons d’entrer sur la pelouse pour le coup d’envoi… L’été sportif tant attendu est arrivé les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Mettons les polémiques de côté et concentrons-nous sur l’essentiel : la réunion sportive. Souvent l’art et le sport sont opposés, ce qui est ridicule. Ces deux disciplines partagent les mêmes valeurs de communion et de passion.

Quelle étrange époque que celle qui oppose l’art et le sport ! Comme si les deux disciplines étaient antinomiques et qu’il fallait faire un choix. L’art serait réservé à l’intellectuel et au cerveau, alors que le sport concernerait l’ouvrier et le physique. Dans notre numéro 17, le réalisateur français Jean- Baptiste Durant, fan de football et grand supporter du Montpellier Hérault Sport Club, nous parlait de cette opposition sport (et foot) / culture : « Si vous écoutez Albert Camus ou Nietzsche ils ne vous diront pas ça. Je pense qu’il y a un mépris de classe vis-à-vis du foot, on peut être vraiment méprisant en détestant le foot ou en l’opposant à la culture (…), opposer le foot ou le sport à l’art ou à la culture, opposer l’esprit au corps, pour moi c’est vraiment n’importe quoi et c’est presque ne rien comprendre à l’ humain et à la biologie. Les Grecs à l’ époque ne diraient pas le contraire. Même Platon, c’était un athlète. C’est un peu un vieux cliché et ceux qui sont convaincus que ça doit être opposé, je suis assez inquiet pour eux ».

Bien que je sois journaliste culturel, je suis également un grand fan de sport. Je n’ai absolument pas honte de dire que certains matchs délivrent parfois des scénarios bien plus puissants que ce que l’on peut voir en salle ou sur scène. Le sport aussi a ses protagonistes, ses héros, ses décors, sa bande-son, ses actions qui deviennent des scènes d’anthologie… Comme devant une œuvre, le sport est avant tout une question d’émotion. On peut ressentir de la joie, de l’ennui, la tension, la peur, la délivrance… Lorsque Nadia Comaneci est la première gymnaste à obtenir une note de 10 aux Jeux Olympiques de Montréal à seulement 14 ans, que Zinedine Zidane vole entre les joueurs Brésiliens au Waldstadionen lors de la coupe du monde 2006, qu’Usain Bolt bat le nouveau record du 100m… le sport se rapproche du sublime. Ces sportifs deviennent des artistes de leurs disciplines respectives. Ils sont des personnages à part entière qui se dépassent pour atteindre l’apogée. Ils connaissent la gloire avant la chute… Ces sportifs ont souvent inspiré la création artistique, je pense à la série Parc des Princes de Nicolas de Staël, au film Invictus de Clint Eastwood, au livre La Petite Communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon… Le sport et ses stars sont une ressource inépuisable pour les créateurs.

Pour ce qui est de l’Euro de football 2024, la France s’est arrêtée aux portes de la finale. Qu’importe. Nous avons vécu la compétition comme nous regardons une œuvre. Il y a de la joie, de la peine, de l’étonnement, du rire ou des larmes… Tous ensemble dans une même célébration. Aimer regarder un match et admirer une toile font partie des bonheurs de l’existence. L’art et le sport sont deux disciplines qui se réunissent autour de la passion et de l’émotion. Ce sont des pratiques difficiles qui demandent de l’effort et de la patience pour effectuer le geste parfait et ainsi atteindre son but. Sans le vouloir, Jean-Michel Othoniel a fait allusion au sport dans notre interview (à découvrir page 26 de notre numéro 19) en abordant la création qu’il a réalisée à Versailles avec Louis Benech : « C’était extraordinaire, mais c’était un vrai challenge. Je suis sorti de là comme après un match de boxe (rire), mais on l’a gagné !« 

Enfin, l’’art et le sport ne pourraient pas exister sans le partage. Ce sont des pratiques collectives qui trouvent le pouvoir de leur production dans l’équipe et leur véritable existence dans le regard du public. Tout comme une pièce de théâtre a ses spectateurs et un événement sportif ses supporters et les Jeux Olympiques sont ainsi l’occasion pour nous d’aborder ces deux passions qui nous animent et ainsi d’explorer les points d’union entre l’art et le sport. Alors, place au match !

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans. 06 71 06 16 43 / thibault.loucheux@snobinart.fr
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