Comme pour beaucoup de projets, son origine tient d’une rencontre… celle entre Prune Nourry et la gynécologue obstétricienne Ghada Hatem. Cette dernière est la fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis, un centre d’aide et d’accompagnement pour les femmes qui ont été victimes de violences. L’artiste a rencontré huit de ces femmes qui ont accepté de poser nues, devenant ainsi modèles pour les Vénus de Prune Nourry. La galerie nous explique que l’influence de ces femmes sur les créations de l’artiste ne s’est pas limitée à la forme de leur corps, leur parcours donnant une dimension fondamentale dans la conception des œuvres : « À partir de leur histoire unique – chaque femme partageant si elle le souhaitait son parcours durant les séances de pose – et de leur forme de corps variés, l’artiste a modelé en terre leur buste à la manière des vénus préhistoriques. Leurs mots, autant que les détails de leur corps, inspirant chaque œuvre. »
Née en 1985 à Paris, Prune Nourry est diplômée de l’école Boulle. Depuis quinze ans, elle vit et travaille à New-York où elle développe une œuvre autour de l’installation, de la performance, de la vidéo et surtout de la sculpture, abordant les thèmes des sciences, de l’histoire, du corps, de la féminité… La « sculpteure », comme elle se définit, s’est faite connaître avec des projets comme Terracotta Daughters, une installation de cent-huit sculptures taille humaine représentant des petites filles inspirées des guerriers de terre-cuite de Xi’an, ou encore l’installation permanente Mater Earth installée au Château la Coste en 2023.
Au rez-de-chaussée de la Galerie Templon, les visiteurs peuvent découvrir les Vénus de Prune Nourry qui sont inspirées des huits femmes qui ont accepté de poser pour l’artiste, mais aussi des Vénus paléolithiques de la période gravettienne, datant d’il y a 30 000 à 20 000 ans. En créant un lien entre le passé préhistorique et notre époque contemporaine, Prune Nourry modèle des œuvres mystérieuses qui s’apparentent à des artefacts mystiques. L’accrochage et le dispositif de lumière mis en place dans la galerie peuvent faire penser à la mise en espace d’un musée d’histoire naturelle qui mettrait en évidence la charge historique de pièces pourtant bel et bien contemporaines. Réalisées en bronze de recouvert d’une peau de terre, ou tirées en terre cuite, nous découvrons au côté de ses créations une installation composée de plus d’une vingtaine de moules qui sont issus de l’Atelier des moulages du Grand Palais Rmn, partenaire de l’exposition. Les formes et la matière des œuvres, ainsi que leur mise en espace nous racontent une histoire et affirment que l’univers de Prune Nourry s’articule autour d’une mythologie construite minutieusement par la plasticienne. Au sous-sol, les visiteurs peuvent découvrir sept Vénus hybrides qui prennent l’apparence de moules montés sur des structures en bois posés sur des briques. Ces sculptures ont aussi été réalisées avec l’Atelier de moulage du Grand Palais Rmn
Avant-première d’un projet pour la station Saint-Denis Pleyel
Ce projet Vénus à la Galerie Templon est en quelque sorte une avant-première d’une commande pour le Grand Paris Express. D’ici un an, ce sont cent-huit Vénus à échelle 1/1 qui seront installées dans l’atrium de la gare de Saint-Denis-Pleyel imaginée par l’architecte Kengo Kuma.
Vénus
Prune Nourry
Galerie Templon (rue du Grenier Saint-Lazare)
Jusqu’au 1er mars 2025
