Lee Ufan Arles n’est pas un lieu d’exposition comme les autres… En pénétrant à l’intérieur de l’Hôtel Vernon, nous avons été saisis par l’ambiance mystique qui régnait entre ses murs. En parcourant les pièces, nous découvrons des œuvres dont l’élégance et la sobriété dévoilent une puissance silencieuse rarement ressentie. Nous flottons, hésitons à parler tout bas, comme dans un lieu de culte. N’ayons pas peur des mots, nous sommes à la fois bouleversés et émerveillés devant les œuvres de Lee Ufan. Dans un monde guidé par la vitesse et le bruit, nous voilà en train de voler au ralenti. Le temps s’est figé… l’espace est troublé… Nous sommes entrés dans la philosophie de Lee Ufan. L’objectif était qu’il nous partage son univers… il est clairement réussi.
Lee Ufan : un dialogue entre la philosophie et l’art
Lee Ufan est né le 24 juin 1936 dans le sud de la Corée. Durant sa jeunesse, il se passionne pour la poésie, la littérature et la peinture. Après le lycée, il entame des études aux Beaux-Arts de Séoul avant de partir pour le Japon où il obtient une licence à l’Université Nihon de Tokyo en 1961. Son art est fortement influencé par la pensée de philosophes occidentaux comme Friedrich Nietzsche, Martin Heidegger ou encore Maurice Merleau-Ponty.
Lee Ufan développe une œuvre se situant entre poésie, philosophie et art. Son approche singulière, à la fois sur le fond et sur la forme, a fait de lui un artiste mondialement connu, ces œuvres étant accueillis dans les plus grandes institutions de la planète depuis plusieurs décennies. A travers ses œuvres, l’artiste souhaite interroger l’espace, le temps, l’humain… créant ainsi une passerelle entre la réflexion philosophique et l’art.
Le Mono-ha : un échange entre l’environnement et la matière
Le Mono-ha, que l’on peut traduire par « l’école des choses », est un courant apparu dans les années 1960 au Japon jusqu’au milieu des années 1970. Comme l’arte povera, le minimalisme ou le Land art, le Mono-ha se positionne dans une volonté de sobriété. Si Lee Ufan est considéré comme le chef de file de cette mouvance artistique, d’autres artistes Narita Katshuhiko, Yoshida Katsuro, Suga Kishio, Sekine Nobuo, Honda Shingo ou encore Koshimizu Susumu, se sont épanouis dans cette vision, chacun y apportant un regard singulier.
Ces artistes ont souhaité explorer la relation entre les matériaux naturels et industriels tels que la pierre, l’acier, le verre, le papier, le bois… Ainsi, ils réduisent leur intervention et s’intéressent à la relation entre les matériaux, l’espace et le spectateur.
C’est à ce moment-là que Lee Ufan accorde une place toute particulière à la sculpture dans son œuvre. En 1971, il représente la Corée lors de la VIIe biennale de Paris en exposant au parc floral de Vincennes.
Lee Ufan Arles : une rencontre entre les espaces et les temps
Après avoir créé le Lee Ufan Museum de Naoshima au Jamon en 2010 et l’Espace Lee Ufan à Busan en Corée, l’artiste s’est installé dans le sud de la France, à Arles. Si Lee Ufan a choisi la Petite Rome des Gaules pour y mettre en place ce lieu d’exposition, ce n’est pas par hasard… L’artiste est très attaché à la France. Il partage sa vie entre Paris et le Japon. Lee Ufan connaît Arles depuis une vingtaine d’années et il trouve que l’histoire romaine d’Arles dialogue parfaitement avec son œuvre. C’est une ville qui accueille de nombreuses cultures et qui les laisse s’épanouir. C’est également une ville avec une forte empreinte artistique, Vincent Van Gogh et Paul Gauguin y ont notamment arpenté les rues…
L’Hôtel Vernon est un hôtel particulier du XVIIIe siècle situé à deux pas des arènes. Lee Ufan est très respectueux des lieux et de leur passé. Lors de sa restauration, l’artiste a souhaité qu’il y ait le moins d’intervention possible afin de conserver son authenticité. Pour cela, il a fait appel à son ami architecte Tadao Ando qui avait déjà conçu le Lee Ufan Museum à Naoshima. Dans l’Hôtel Vernon l’artiste ressent une forte empreinte spirituelle liée à la charge historique du lieu. Pendant les travaux de restauration, l’équipe a retrouvé dans les fondations un buste antique d’Antonin le Pieux, successeur de l’empereur Hadrien. La sculpture est exposée au rez-de-chaussée de l’Hôtel Vernon.
Lee Ufan Arles s’étend sur un espace de 1350m2. Le rez-de-chaussée compte notamment un espace d’accueil, une librairie mais aussi les sublimes sculptures de l’artiste dans une sobriété fascinante. Il les appelle Relatum, signifiant une relation entre l’oeuvre, l’espace et le corps. Le premier étage présente les peintures de Lee Ufan. Nous découvrons alors qu’il donne une grande importance au geste. Ces toiles, d’apparence minimalistes, sont riches d’un travail autour de l’espace et de la relation entre le vide et le plein. Enfin, le dernier étage accueillera de jeunes artistes en accord avec la philosophie de Lee Ufan.
Durant ce parcours, nous partons à la rencontre d’un artiste qui ne souhaite pas se mettre en avant ni jamais s’imposer, mais bel et bien proposer un dialogue à travers un parcours artistique saisissant.
A toutes fins utiles.
Reportage complet :
https://flic.kr/s/aHBqjAgu6e
Cordialement.
UCE – FSC/P.34 – .
Médias/Actualités/Editions.
Philippe Maréchal.