Le Mignonisme, quésaco ?
Il y a le romantisme, l’impressionnisme, l’expressionnisme, le cubisme… Mais connaissez-vous le mignonisme ? Ce courant a été inventé par l’artiste Philippe Katerine pendant le confinement. Dans son émission Coloscopie sur sa chaine Youtube, Laurent Baffie demande à Philippe Katerine la définition du mignonisme, voici la réponse de l’artiste : « Le mignonisme, c’est une dictature ! C’est moi qui décide si c’est mignoniste ou pas ! »… Pas vraiment de réponse donc, si ce n’est que le chanteur trouve l’assistant de Baffie mignon, mais pas le sniper du paf, assumant son rôle de chef de fil du mouvement artistique avec dérision. Le dossier de presse de l’exposition nous aide à en savoir plus : « Né de l’imaginaire de l’artiste pendant le confinement, le mignonisme célèbre ce qui est étrange, touchant ou décalé dans notre quotidien. » Le mignonisme ne serait-il pas alors un éloge de la différence ?
Lorsque le sujet reste un mystère, il faut aller chercher du côté de la forme. Comment le mignonisme se matérialise chez Philippe Katerine ? S’il est connu pour sa musique ou son travail de comédien, on sait moins que l’artiste a suivi des études d’art plastique à l’Université de Rennes dans les années 1980. Enfermé à la campagne durant la crise covid, il revient à cette pratique plastique en expérimentant différentes productions (assemblages, dessins, photographies, sculptures…). Il regarde les objets qui l’entourent et pose un nouveau regard sur eux, faisant un parallèle avec la beauté et la légèreté du monde qui viennent alléger les épreuves que l’on peut connaître durant notre existence.
Avec cette pratique plastique, Philippe Katerine poursuit une œuvre globale et cohérente qu’il développe aussi à travers sa musique. Décalé, singulier, excentrique, on a souvent défini l’auteur des chansons Louxor, j’adore, La banane ou encore Nu comme un artiste sans queue ni tête… à tort. Katerine assume sa capacité à partager sa vision du monde à travers un regard original. Sans négliger la gravité de l’époque ou les coups durs de la vie, il pointe du doigt la poésie du quotidien, l’exaltation de la banalité par l’humour, l’éloge de l’absurde, tout en brisant les frontières de l’intimité.
Le Mignonisme à Lunel
Philippe Katerine poursuit son aventure à Lunel. Un univers jubilatoire composé de quatre-vingts œuvres qui ont pris place à l’espace Louis Feuillade. On y trouve des dessins, peintures, photos, vidéos et sculptures, dont l’iconique Monsieur Rose, véritable figure emblématique du mouvement. Ce personnage bedonnant est décliné en sculptures de différentes tailles. L’une d’entre-elles, mesurant près de quatre mètres de hauteur, a été installée sur la place Louis-Rey pour inviter les curieux à découvrir l’exposition.
En plus des œuvres de Philippe Katerine, la Ville de Lunel présente l’exposition Le langage des fleurs, avec la présence au Musée Médard du chef-d’œuvre de Claude Monet Le jardin de l’artiste à Giverny, prêté par le Musée d’Orsay. Un dialogue impressionnisme / Mignonisme qui ressemble à un grand écart artistique assumé par la Ville qui espère attirer de nombreux touristes entre ses murs cet été.
Les dessins mignonistes de Katerine dans un livre
Après avoir sorti un premier livre sobrement intitulé Mignonisme en 2022, Philippe Katerine vient de sortir un nouvel ouvrage aux éditions Helium : Mes dessins mignonistes. On y retrouve une sélection de dessins réalisés par l’artiste qui aborde des questions et des problématiques intimes ou contemporaines.
Le Mignonisme
Philippe Katerine
Espace Louis Feuillade (Lunel)
Jusqu’au 27 septembre 2025
