Plasticien incontournable de la scène artistique montpelliéraine, Jacques Fournel développe une œuvre autour de l’autoportrait depuis plusieurs décennies. Son travail est présent dans de nombreuses collections publiques et privées (Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Cabinet d’Art Graphique, Centre Georges Pompidou, M.N.A.M.- Paris…).
L’exposition Secret dessin regroupe 300 dessins réalisés entre 2021 et 2023 « qu’il exécute quotidiennement depuis 2019 selon une approche graphique multiple et sans cesse renouvelée au rythme des saisons et des humeurs. » En effet, chaque jour, l’artiste réalise un autoportrait, laissant ainsi un témoignage à chacun de ces jours qui semblent défiler à une vitesse folle lorsque nous sommes pris dans la spirale des événements quotidiens. Si en entrant dans l’exposition ces dessins peuvent paraître similaires et redondants dans un premier temps, chacun d’entre eux prend une dimension singulière lorsqu’on prend « le temps » de le regarder. « Ce temps » qui passe est un élément fondamental dans la compréhension du travail de Jacques Fournel. Il est mis à l’évidence dans l’accrochage avec notamment la série ci-dessous qui sont des autoportraits de l’artiste réalisés durant une semaine. La barbe pousse, puis disparaît, avant de réapparaître…
Si l’autoportrait n’est pas toujours apprécié par certains, j’y trouve au contraire une certaine fascination. Les questions de « Comment et pourquoi les artistes cherchent-ils à se représenter ? » reste toujours sans réponse véritable devant ces œuvres mystérieuses. C’est souvent lorsque nous approchons au plus près de l’intimité d’un artiste que le secret reste le mieux gardé. Le geste quotidien de Jacques Fournel se déploie avec une obsession évidente en parallèle de nombreuses interrogations. En faisant le choix de nous montrer ce travail, l’artiste se dévoile pour devenir le reflet du spectateur. Son regard perçant nous pénètre pour transformer chaque dessin en miroir, nous renvoyant sans cesse à l’universalité de l’Homme, à l’éphémérité de l’humain et à la singularité de nos doutes.