Comment êtes-vous venus à l’art ?
J’ai une formation universitaire en philosophie esthétique, ce qui m’a amené à avoir une vision critique de l’art en général et une analyse de l’histoire de l’art, qui sont venues s’additionner à une sensibilité pour cette discipline depuis tout jeune. Cela m’a amené à devenir artiste. J’ai un parcours autodidacte d’un point de vue de la pratique. Si je suis plus connu pour la peinture, pour cette série exposée à la Galerie Chantiers BoîteNoire ce sont des dessins.
Pourriez-vous nous parler de cette série ?
C’est une série que j’ai réalisée pendant le Covid. Je travaille par séries. A chaque nouvelle série, j’envisage une nouvelle technique. Pour celle-ci, on retrouve des choses personnelles et de l’ordre de la philosophie. Il y a également la question de la simplicité des moyens qui était liée au contexte. On retrouve toutes ces notions d’injonctions contradictoires, de remise en question existentielle… Les gens ont vite oublié parce qu’on oublie toujours les choses rapidement, mais ça a été quelque chose d’extrêmement fort et marquant pour tout le monde. C’est de ça que cette série est née, ces espèces de contradictions et d’un moment d’absence de sens durant lequel tout le monde s’est mis à philosopher. C’est dans ce contexte-là que ces dessins sont nés car ce sont des associations un peu improbables. Il y a un jeu sur l’oxymore, le paradoxe, la contradiction… C’est pour cela que j’ai appelé l’ensemble APORIES, parce que dans l’aporie on a cette notion contradictoire, d’impasse.
Vous disiez que nous avions tous un peu oublié la période Covid, en retournant dans notre quotidien… Pourtant, beaucoup connaissent des troubles inconscients liés à cette période. Quand on regarde votre travail on a l’impression que l’inconscient joue un rôle important également ?
Tout à fait. Ca fait partie de mon cursus et de recherches plus personnelles parce que je pense que j’ai une certaine affinité avec la psychologie et la psychanalyse. J’aime l’idée d’aborder mon travail plastique avec des notions philosophiques et de psychanalytiques. Je travaille en ce moment sur une série de portraits qui sont un peu psychanalytiques. J’essaie de travailler le sujet la personnalité à travers autre chose que le détail, là je travaille plus la silhouette et quelques éléments symboliques.
La philosophie est capitale dans la compréhension de votre travail. On pourrait presque dire que vos dessins sont des représentations d’allégories…
Absolument. On peut les qualifier d’allégories. Il y a aussi une recherche de formalisme classique. On est sur du noir et blanc, très légèrement rehaussé au crayon, ça se rapproche de l’univers de la gravure un petit peu. On est entre la gravure « naturaliste » et l’allégorie qui a été très souvent étudiée dans la gravure.
Pouvez-vous nous parler de votre pratique ?
J’utilise des mines très fines qui me permettent d’avoir un trait extrêmement fin. Les traits sont réalisés à main levée. Il y a quelque chose de presque monastique dans ce travail, une sorte de mise en état pour trouver ce rythme et tracer ces lignes à main levée en étant le plus rigoureux et régulier possible. Ce sont des stylos spéciaux avec des mines très fines auxquels j’ajoute de la couleur.