Florian Mermin aux côtés de Léonor Fini dans le Palais idéal du Facteur Cheval

Pauline Bailly
Pauline Bailly  - Critique d'art
3 mn de lecture

Véritable lieu de pèlerinage pour les artistes, le Palais idéal suscite fascination et admiration. C’est ce qu’ont en commun Léonor Fini et Florian Mermin, qui, dans leurs inspirations respectives, viennent tisser un lien inattendu dans ce lieu qu’André Malraux qualifiait d’unique modèle d’architecture naïve.

Leonor Fini découvre le Palais en 1939, laissant sa signature dans le Livre d’Or, assortie d’un « affectueux souvenir » adressé à Paul et Nusch Eluard. Sa visite marque le début d’un été artistique, entre Ardèche, chez Max Ernst et Leonora Carrington, et la côte Atlantique, auprès de Gala et Salvador Dalí. Figure clef du surréalisme, les œuvres de Fini donnent corps à des portraits féminins ambivalents, entre fascination et inquiétude. Ses sphinx, sorcières, êtres métamorphes peuplent des toiles, dessins et tapisseries où se mêlent désir, force et théâtralité. Le Palais devient l’écrin naturel de cet univers de clair-obscur et de rituel.

Des années plus tard, en 2019, c’est au tour de Florian Mermin de découvrir l’incroyable édifice. De cette rencontre naît un ensemble d’œuvres pensées comme les fragments d’un rite floral et symbolique. La rose, au cœur de sa démarche, devient parfum, sculpture, ornement. Il compose des bougies olfactives diffusant un parfum évocateur, écho sensoriel aux souvenirs, présences et mystères. Son grand flacon de parfum, imaginé pour l’exposition, est serti d’épines, posé sur des pattes de sphinx, habité de papillons. En convoquant Cocteau, Poe ou Cheval lui-même, l’artiste insuffle au lieu une magie organique et minérale. Ses appliques chandeliers, créées spécialement, font écho aux soirées flamboyantes que Fini organisait à Nonza, dans un couvent corse en ruines.

Leurs œuvres résonnent dans ce lieu hors norme, dans un face-à-face inattendu qui interroge ce qu’il reste de l’énigme, du rituel et du pouvoir de l’art à métamorphoser le réel. Le parcours de l’exposition est également ponctué de photographies de Lee Miller, elle aussi attachée au Palais Idéal.

Le Sphinx et la Rose est à découvrir jusqu’au 30 août 2025 au Palais idéal. Florian Mermin poursuivra ensuite ce dialogue avec une exposition personnelle dans ce même lieu jusqu’au 11 novembre. 

Son travail est également visible au Château de Fontainebleau, dans une installation immersive inspirée de la forêt, jusqu’au 21 septembre 2025.

Le Sphinx et la Rose
au Palais idéal du Facteur Cheval (Hauterives)
jusqu’au 30 août 2025

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