Tout passionné d’art vous dira que Germaine Richier se classe parmi les grandes sculptrices du XXe siècle. Beaucoup la voient comme l’une des héritières de Rodin ou la comparent à des artistes majeurs comme Alberto Giacometti… Pourtant, son nom est inconnu des profanes. Pourquoi ? Cela est principalement dû au fait que Germaine Richier était une femme qui évoluait dans un monde d’hommes. Malgré cela, elle est parvenue à se faire une place dans le milieu de l’art, étant notamment consacrée au Musée d’Art Moderne (aujourd’hui Palais de Tokyo) en 1956. Sa participation activeà l’histoire de l’art et son héritage en font aujourd’hui une artiste majeure du XXe siècle. Il aura tout de même fallu attendre de nombreuses années avant qu’une exposition d’envergure ne lui soit consacrée, comme celle que nous pouvons voir actuellement au Musée Fabre, présentée quelques semaines avant au Centre Pompidou.
Lorsque Germaine Richier entre aux Beaux- Arts de Montpellier en 1921, cela fait uniquement une vingtaine d’années que les femmes peuvent étudier l’art. Aujourd’hui, elles sont plus nombreuses que les hommes à choisir la filière artistique. Pourtant, l’art reste majoritairement un milieu masculin, mais cette tendance se rééquilibre grâce notamment aux changements sociétaux survenus ces dernières années. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se faire une place dans le milieu artistique, en témoignent les nombreuses expositions consacrées aux artistes féminines sur notre territoire.
Certaines artistes ont un discours féministe… d’autres non… Mais elles sont la preuve que les femmes créent au moins autant que les hommes… et en créant, chacune d’entre elles délivre une parole, un témoignage tout en dépliant une vision de l’art et de sa pratique. Sculptrices, performeuses, peintres… Dans la rédaction de Snobinart, nous ne faisons pas partie de ceux qui déboulonnent les statues, qui réécrivent les livres, remontent les films ou qui brûlent les créations du passé… Nous savons que ces œuvres ont été réalisées dans une certaine époque avec un certain contexte… Elles sont d’ailleurs là aussi pour nous le rappeler. Mais cela ne nous empêche pas de les aborder et de les considérer avec un double regard, celui du contexte historique et celui de notre époque contemporaine. En effet, s’il est difficile pour nous d’imaginer que l’histoire a pu se priver de la moitié du potentiel de la création, il nous faut également considérer l’importance de notre époque, des mutations contemporaines et ainsi regarder ces expositions avec attention et responsabilité, car ce sont elles qui écriront l’histoire de demain.
Certaines de ces expositions remettent les pendules à l’heure. C’est le cas de celle de Germaine Richier au Musée Fabre qui offre enfin à l’artiste une rétrospective au niveau de son talent, ou d’Action, Geste, Peinture à la Fondation Van Gogh qui replace l’importance des œuvres abstraites réalisées par des femmes au milieu du XXe siècle. D’autres structures ont fait le choix de réaliser une monographie d’artistes contemporaines comme Eva Jospin au Palais des Papes, Fiorenza Menini au Frac à Montpellier ou encore Katinka Bock au Crac à Sète. Quoi qu’il en soit, ce choix de mettre en avant la création féminine n’est pas anodin. Il est le reflet de notre époque encore difficilement cernable mais incontestablement passionnante.