« Eat the Plastic » de Mona Young-eun Kim à la Galerie AL/MA

La Galerie AL/MA lance sa rentrée avec "Eat the Plastic", une exposition passionnante par ses contractions. A la fois fascinantes, drôles et pleines de désespoir, les pièces de Mona Young-eun Kim nous interrogent autant qu'elles amusent.

Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art Galerie AL/MA
4 mn de lecture
Œuvre de Mona Young-eun Kim à la Galerie AL/MA

Mona Young-eun Kim est bien connue des Montpelliérains… Une de ses œuvres fait partie intégrante de la vie quotidienne des habitants du quartier Observatoire. En effet, c’est elle qui a réalisé le plafond des Halles Laissac inaugurées en 2018 dans le cadre du dispositif du 1% artistique. Née en Corée du Sud, la jeune artiste a obtenu deux licences en philosophie et cinéma à l’Université de Séoul ainsi qu’un DNSEP à l’école des Beaux-Arts de Montpellier. Elle a également participé à la résidence innovante Saison 6 du Mo.Co., permettant aux jeunes artistes de travailler autour des biennales Kochi, Venise et Istanbul. Eat the Plastic est sa seconde exposition à la Galerie AL/MA après Doublage (2021) dans laquelle elle présentait aux visiteurs une installation « par laquelle le spectateur était invité à explorer les modalités d’interprétation des signes visuels dans l’espace urbain. »

Dans cette nouvelle exposition, Mona Young-eun Kim nous raconte une histoire… et plus précisément une dystopie.  imaginer l’extinction de l’Homo Sapiens et l’émergence d’une nouvelle espèce Plasticus Humanimalia : « C’est la suite de son travail Plastic Drinker sur campagnes publicitaires et les objets-sculptures qui encouragent les gens à devenir des buveurs en plastique pour survivre. » Ainsi, l’artiste propose aux visiteurs de découvrir un véritable laboratoire en disposant sur des négatoscopes (tables lumineuses) des sculptures en résines à l’échelle 1 représentant des organes humains (cerveau, cœur, poumons, foie…) dans lesquels sont incrustés des résidus de plastique. Pour compléter l’exposition, trois vitraux représentant les molécules du PVC, du polystyrène et du PET sont accrochés aux murs de la galerie.

Un des trois vitraux de l’exposition Eat the Plastic de Mona Young-eun Kim

En écoutant cette histoire et en regardant les œuvres d’un œil, on pourrait rapidement se dire que l’artiste propose une exposition engagée, se dressant contre les excès de l’homme et créant une réflexion autour de l’Anthropocène ou du Capitalocène. Peut-être est-ce le cas d’ailleurs, il est évident que la production de plastique depuis des décennies, son recyclage ainsi que le problème des microplastiques présents dans nos organismes ainsi que de ceux des êtres vivants de la planète est une question capitale qui est abordée dans le propos… Mais limiter les pièces de Mona Young-eun Kim à cette idée serait réducteur. Le véritable travail de l’artiste se trouve dans les détails. Ces fameux plastiques incrustés ne sont pas là par hasard, ils ont été trouvés et choisis. Le spectateur se retrouve alors à disséquer du regard les pièces, cherchant les couleurs, les formes et les détails qui viennent envahir ces organes du futur. Si effectivement l’idée de la contradiction humaine est présente (l’homme contraint de manger cette substance artificielle qu’il a lui-même créée), il ne faut pas négliger la partie humoristique des œuvres qui est capitale dans leur compréhension. L’artiste joue avec notre regard, nous plaçant devant nos propres contradictions entre fascination, amusement et désespoir.

A la fois narratives, graves, drôles, ludiques, intelligentes et parfaitement exécutées, les pièces de Mona Young-eun Kim sont des créations abouties qui témoignent d’un futur plus que prometteur pour la jeune plasticienne.


Thibault Loucheux-Legendre

Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.

Partager cet article
Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
Suivre :
Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.
Laisser un commentaire