Damien Hirst investit le Château La Coste

Il est considéré comme le bad boy de l’art contemporain... Damien Hirst a le privilège d’être le premier artiste à investir les 200 hectares du Château La Coste situé à quinze kilomètres d’Aix-en-Provence. Jusqu’au 23 juin, les visiteurs pourront découvrir The Light That Shines, exposition regroupant des œuvres emblématiques et pièces inédites de l’artiste britannique tout en profitant d’une balade entre les vignes. Certainement l’une des expositions incontournables de ce printemps 2024.

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
5 mn de lecture

Le Château La Coste est un lieu hors du temps dans lequel la culture et l’art de vivre se côtoient dans une symbiose absolue. Cette harmonie s’est construite en 2002, lorsque le domaine situé au Puy-Sainte-Réparade est acheté par Patrick McKillen, un Irlandais qui a fait fortune dans l’hôtellerie et la restauration. Passionné par l’art contemporain, l’homme d’affaires transforme le lieu en une immense galerie à ciel ouvert.

Si le vin et la gastronomie occupent toujours une place importante dans ce lieu (il est possible d’acheter le vin du domaine au caveau ou en boutique, ou encore de découvrir les six restaurants qui proposent tous une cuisine maison à base de produits frais et locaux), c’est leur association avec des pièces monumentales d’artistes qui le transforme en un espace sans égal. Entre les vignes ou au milieu des arbres, les visiteurs découvrent des œuvres des plus grands artistes contemporains comme Louise Bourgeois, Lee Ufan, Jean-Michel Othoniel, Yoko Ono, Sophie Calle, Richard Serra… et les créations des plus grands architectes tels que Jean Nouvel, Tadao Ando ou Frank Gehry.

L’enfant terrible de l’art anglais…

Damien Hirst est né en 1965 à Bristol. Après une jeunesse difficile, il entame des études au Goldsmiths College de Londres. C’est ici qu’il attire pour la première fois l’attention du public en 1988 en organisant l’exposition Freeze qui regroupe ses travaux ainsi que ceux de ses amis artistes comme Tracey Emin, Marc Quinn, Rachel Whiteread, Sarah Lucas… Hirst est fasciné par les liens qu’entretiennent l’art, la vie et la mort, les abordant par la provocation. Il se démarque des autres artistes de sa génération en utilisant des moyens d’expressions différents, comme les animaux.

Hylonome (2011), Damien-Hirst. Photo : Thibault Loucheux-Legendre / Snobinart

En 1993, il se fait connaître à la Biennale de Venise avec sa pièce Mother and Child Divided composée de quatre aquariums en verre et acier contenant une vache et son veau découpés en deux et conservés dans du formol. Un an après, il organise une exposition à la Serpentine Gallery de Londres qui connaît un grand succès. Il présente plusieurs pièces animalières, dont The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living, un requin dans un aquarium en verre rempli de formol. En 2012, la Tate Modern lui consacre une monographie et François Pinault le met à l’honneur au Palazzo Grassi en 2017. Il est aujourd’hui l’un des artistes les plus chers et les plus importants de sa génération.

…s’expose en Provence.

Cela faisait plusieurs années que Damien Hirst et Patrick McKillen échangeaient autour d’une exposition au Château La Coste. C’est désormais chose faite avec The Light That Shines qui réunit plus de 90 œuvres de l’artiste. D’emblée, nous sommes plongés dans la mythologie de Damien Hirst avec Temple (2008), une sculpture monumentale représentant la coupe d’un corps humain avec des organes apparents. D’autres sculptures monumentales de l’artiste prennent place dans le domaine aux côtés des œuvres permanentes telles que The Fate of a Banished Man (2014), Remnants of Apollo (2012), The Monk (2014), Hylonome (2011)…

Temple (2008) de Damien Hirst. Photo : Thibault Loucheux-Legendre – Snobinart

En plus de ces œuvres en extérieur, on découvre d’autres séries de Damien Hirst dans les galeries du Château La Coste. Le Pavillon Renzo Piano accueille les célèbres œuvres issues de Natural History, les animaux conservés dans du formol : requins, poissons, vaches, colombe… Dans la Galerie Richard Rogers, on découvre The Empress Paintings, une série de toiles réalisées avec des représentations d’ailes de papillons rouge et noir entourées de peintures à l’huile donnant un effet kaléidoscopique et rendant hommage aux reines, impératrices et grandes dirigeantes de l’histoire. Cosmos et Meteorites dévoilent la beauté de l’espace dans la Galerie des Anciens Chaix, alors que la Galerie Bastide nousmontre des jardins florissants, série la plus récente de Damien Hirst.

Enfin, Treasures from the Wreck of the Unbelievable est montrée à l’Auditorium Oscar Niemeyer. Cet ensemble a été exposé pour la première fois en 2017 à la Pointe de la Douane et au Palazzo Grassi à Venise. À l’origine de cette série, il y a une légende mythologique délirante inventée par l’artiste racontant que ses sculptures proviennent de l’épave du navire légendaire de Cif Amotan II, un riche collectionneur ayant vécu entre le Ier et le IIe siècles. Si certaines figures évoquent la mythologie antique (comme la gorgone), d’autres proviennent de notre pop culture récente (personnages de l’univers de Disney). Il a fallu dix ans à Damien Hirst pour réaliser cette série.

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans. 06 71 06 16 43 / thibault.loucheux@snobinart.fr
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