Craig Cameron-Mackintosh : « Apporter du rêve dans le quotidien »

Depuis le 11 octobre, la Sobering Galerie présente « Stringless Symphony » de Craig Cameron-Mackintosh. Il s'agit du premier solo show de l'artiste dans les murs de la galerie. Nous l'avons rencontré afin qu'il nous parle de cette exposition qui se dévoile comme une symphonie silencieuse.

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
5 mn de lecture

Est-ce que vous pouvez nous présenter votre parcours ?

Je suis un artiste qui vient de Cape Town en Afrique du Sud. J’ai commencé en faisant des films comme réalisateur. C’est ça qui m’a permis d’arriver à la peinture, grâce à la lumière au cadre… Pour cette exposition Stringless Symphony à la Sobering Galerie, je suis partie d’un mot en français : « rêverie ». En anglais, ce mot avait une impression de légèreté. C’était en cohérence avec ma façon d’utiliser la lumière, d’utiliser des espaces très intimes. C’est la lumière qui me permet d’apporter le rêve dans les moments du quotidien. Le titre de cette exposition vient d’une vieille chanson de 1999, Let forever be de Chemical Brothers. Ce sont les paroles de cette chanson que j’avais mal comprises. Je pensais que ces paroles disaient « Stringless Symphony ». Finalement, j’ai trouvé que c’était un bon titre pour une œuvre ou pour une exposition. J’ai trouvé cela amusant de m’être trompé dans les paroles de cette chanson, mais c’est aussi intéressant de voir tout ce qu’on peut imaginer. Si la musique ne nous entoure pas toujours dans les moments du quotidien, il y a une harmonie… C’est cette poésie qui m’intéressait dans ce travail. Je voulais apporter une harmonie silencieuse et mettre en avant des moments à la fois intimes et banales.

Il y a un paradoxe, car vous parlez de symphonie, de musique, de rythme… Je trouve que ce sont des peintures très silencieuses.

Oui, c’est aussi pour ça que j’aime ce titre de « Stringless Symphony ». Une symphonie a besoin de cordes et ici elle en est dépourvue. C’est une sorte d’oxymore.

Comment travaillez-vous vos séries ?

Le travail ne me laisse pas tranquille. Je ne me pose pas la question du rendu, je commence la peinture avec une intuition et une confiance que c’est la peinture qui va me guider. Même si je peins des choses différentes, comme ici avec le jardin, le labyrinthe ou l’intérieur d’une chambre, je garde la confiance et je sais que ces figures s’inscriront dans le même univers.

Craig Cameron-Mackintosh – Photo : rédaction

Quand on regarde vos peintures, on voit que certaines sont plus nettes, d’autres plus floues… Est-ce que cela vous vient de votre parcours de réalisateur ?

Absolument. Ce côté « cinéma » me permet de cacher certaines choses, ou de les monter plus obscures, mais aussi de montrer d’autres choses de manière évidente en créant un contraste. Dans les paysages, je ne veux pas tout donner, je veux que certains éléments disparaissent pour que le spectateur laisse libre cours à son imagination.

En prenant vos peintures les unes après les autres, j’ai l’impression que plus nous sommes sur un gros plan, plus elles sont nettes, plus on est sur un plan large, plus elles sont floues…

Oui. Comme le mot de départ était « rêverie », c’était une manière que le spectateur se perde dans ses rêves en regardant les paysages. C’est pour ça que j’ai choisi de faire ces peintures plus « floues ».

Les éléments semblent se dévoiler sur la durée. Il y a beaucoup de violets dans vos tableaux, que cela soit dans les ombres, ou même dans la lumière… ça confère à vos scènes du quotidien un caractère quasiment fantastique, au moins spirituel.

Merci, j’apprécie ce commentaire parce que c’est vraiment que je voulais apporter. Quand on voit une scène normale, du quotidien, que l’on voit tous les jours, comme le blanc d’un drap, mais qu’on choisit de voir les nuances dans la façon dont la lumière pénètre sur le blanc, ça donne une nouvelle dimension. Au début de ma carrière, je ne peignais pas les couleurs. Maintenant, c’est un outil que j’utilise pour me libérer. J’ai beaucoup travaillé sur les nuances du violet, donc je suis content que vous ayez vu cette connotation spirituelle et divine. 

Stringless Symphony
Galerie Sobering
Jusqu’au 6 novembre 2025

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans. 06 71 06 16 43 / thibault.loucheux@snobinart.fr
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