La place du sport au cinéma

Depuis toujours, le cinéma a régulièrement offert des films abordant de près ou de loin le sport. Tour d’horizon des plus notables parmi eux.

Martin Loucheux
Martin Loucheux
6 mn de lecture

Étant assurément le plus cinégénique de tous, et parce que le combat contre soi-même est souvent au moins aussi présent que celui contre l’adversaire, la boxe est le sport qui a été le plus, et surtout le mieux représenté au cinéma.

Dès 1931, on retrouve dans Les Lumières de la Ville de Charlie Chaplin une séquence de boxe d’anthologie. Même lorsqu’il s’agit de jouer la carte de l’humour, le ring sait provoquer de grands moments de cinéma.

On peut bien sûr difficilement évoquer le monde de la boxe sans citer Rocky. Depuis la sortie du premier film en 1976 qui remporta l’Oscar du meilleur film, la saga de Sylvester Stallone a connu un succès populaire sans précédent, marquant plusieurs générations et devenant la franchise sportive la plus culte de l’histoire du cinéma. La trilogie Creed lui a même donné un nouveau souffle ces dernières années.

De leur côté, les grands Martin Scorsese et Michael Mann ont opté pour des récits biographiques. Le premier adapte le parcours sinueux de Jack LaMotta dans le mémorable Raging Bull (1980), offrant à son acteur fétiche Robert De Niro le rôle principal. Le second s’attaque à la vie sportive, mais également spirituelle et politique de Mohammed Ali, incarné par Will Smith dans le film Ali (2001). De Niro décroche l’Oscar du meilleur acteur, et Smith une nomination. Il obtiendra finalement la récompense suprême vingt ans plus tard pour son rôle dans La Méthode Williams, où il interprète le père des deux sœurs les plus célèbres de l’histoire du tennis. Hilary Swank dans Million Dollar Baby de Clint Eastwood et Christian Bale dans Fighter de David O. Russel seront également plébiscités lors de la plus prestigieuse des cérémonies. La boxe, et le sport en général, offrent aux actrices et aux acteurs des rôles de composition souvent reconnus, qui marquent les esprits.

Dans Moi, Tonya (2017) qui suit la rivalité dévastatrice entre les patineuses artistiques Tonya Harding et Nancy Kerrigan, la prestation très remarquée de Margot Robbie propulse l’actrice australienne vers les sommets d’Hollywood. Car le sport est aussi et souvent une histoire de rivalité. Une thématique que l’on retrouve fréquemment dans la course automobile, notamment dans l’excellent Le Mans 66 (2019) de James Mangold, traitant de la concurrence féroce entre Ford et Ferrari dans les années 60. On retrouve le sujet cette année dans Ferrari où Adam Driver incarne Enzo Ferrari, l’illustre fondateur de la marque italienne. Ron Howard s’était lui penché sur une lutte acharnée pour la victoire entre deux pilotes d’exception dans Rush (2013).

Les sports collectifs ont eux aussi donné lieu à de grands moments de cinéma. C’est le cas d’Invictus (2010), où Clint Eastwood revient sur la volonté de Nelson Mandela, brillamment incarné par Morgan Freeman, de miser sur le sport et plus particulièrement sur le rugby pour unifier son pays après l’Apartheid.

Dans le passionnant Le Stratège (2011), plus méconnu et toujours tiré de faits réels, Brad Pitt interprète un entraîneur qui, à l’aide d’un jeune économiste joué par Jonah Hill, va reconstruire l’équipe d’un club de baseball à la dérive sportivement et économiquement, grâce à des données statistiques. Une vraie plongée dans les coulisses d’une équipe sportive de haut niveau, permettant au public de découvrir l’envers du décor, parfois aussi intéressant que ce que l’on peut observer sur le terrain.

C’est l’un des grands pouvoirs du cinéma : mettre en lumière des histoires vraies méconnues, et donner aussi de la visibilité à des sports qui en ont parfois peu. Un défi relevé par Kathryn Bigelow qui octroie une place essentielle au surf dans Point Break (1991). Dans des genres extrêmement différents, Billy Elliot (2000) et Black Swan (2010) nous immergent tous les deux à leur manière dans l’univers de la danse classique.

En France, Guillaume Canet s’essaye à l’exercice en 2013 avec Jappeloup autour du milieu équestre, à l’instar de son ami Gilles Lellouche avec Le Grand Bain en 2018, ici au sein d’une équipe de natation synchronisée.Paradoxalement, le plus populaire d’entre tous, celui qui génère le plus d’argent et qui déchaîne les passions, n’a pas eu le droit jusqu’à présent à son lot de moments cinématographiques mémorables. Le football se dit en effet complexe à filmer et mettre en scène. Ainsi, la plupart des films, comme Goal! – Naissance d’un Prodige (2005), ou encore les comédies Trois Zéro (2002) ou Les Seigneurs (2012) n’ont pas connu le succès escompté.

Coup de Tête (1979) de Jean-Jacques Annaud est probablement encore aujourd’hui le plus réussi, en grande partie grâce à la performance géniale de Patrick Dewaere mais aussi pour la qualité du scénario écrit par Francis Veber.

Que ce soit pour raconter des aventures individuelles ou des épopées collectives, pour relater des faits réels ou fictifs, le sport et ses valeurs de dépassement de soi ont toujours su inspirer les plus grands metteurs en scène : Martin Scorsese, Claude Lelouch, Oliver Stone, Ron Howard, Clint Eastwood, Michael Mann…

Occupant chacun une place prépondérante dans notre société, la belle histoire de la communion entre le cinéma et le sport n’est pas près de s’arrêter là.

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Cinéphile rompu à l’exercice de la décortication et de la critique d’une œuvre, Martin Loucheux analyse pour Snobinart les dernières sorties cinéma. Il partage ainsi sa passion et ses avis avec le lecteur, autour des films les plus attendus.
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