L’Horizon accompagne le regard, il est la rupture entre le ciel et la terre et ainsi, depuis le XVIe siècle à nos jours, sa représentation n’a cessé de muer à travers une grande diversité de médiums que l’exposition met brillamment en lumière.
Loin d’être un parcours entièrement chronologique, ce dédale d’une centaine d’œuvres offre un ensemble varié d’horizons, conférant un dynamisme à l’ensemble de l’exposition. Les œuvres d’Albrecht Dürer cohabitent avec celles de Joachim Patinir, Caspar David Friedrich, Gustave Courbet, Edouard Manet, Anna-Eva Bergman, Mark Wallinger…
On apprécie ce commissariat ambitieux et soi- gné qui choisit également de révéler les as- pects techniques de la composition d’un pay- sage à travers des ouvrages prêtés par la BNF, traitant de la perspective et de son enseigne- ment; Traité des pratiques géométrales et pers- pectives d’Abraham Bosse (1665) ou avec Il Vignola illustrato, par Giambattista Spampani et Carlo Antonini (1770), quelques livres rares qui donnent des pistes de compréhension quant à la complexité de la réalisation d’un horizon en bonne et due forme.
Outre la technique, il est fascinant de voir com- ment les artistes abordent un même sujet en s’inspirant de leurs pairs : la photographe Elina Brotherus dans Der Wanderer 2, série «The New Painting», ainsi que Youssef Nabil dans Self Portrait with the Nile, Louxor, 2014, repré- sentent l’Homme de dos face au paysage, ce qui n’est pas sans rappeler les personnages contemplatifs des peintures de Caspar David Friedrich.
Si certains font écho à des maîtres bien connus, d’autres s’approprient l’horizon dans un style singulier : Léon Spilliaert nous en donne un exemple avec Digue et lumières d’Ostende, 1909, dans une vision presque abstraite, usant de contrastes et de géométries marqués, si caractéristique de son œuvre.
Une installation vient clôturer ce cheminement à travers les horizons, située dans le cabinet des estampes où le sol, pourvu de capteurs, offre au visiteur la capacité de ralentir le temps et de contrôler le mouvement des vagues.
Dans ce vaste parcours, on dissèque toutes les facettes de l’horizon, qu’elles soient scienti- fique, géométrique ou spirituel, du champ des mathématiques ou de la poésie, soulignées par un parcours très riche au commissariat pointu orchestré par Emmanuelle Delapierre, direc- trice du Musée, et Céline Flécheux, professeure en philosophie de l’art.
L’horizon sans fin, de la Renaissance à nos jours
Musée des Beaux-Arts de Caen
Jusqu’au 5 octobre 2025