Gilles Naudin : « Dans la peinture, il y a du hasard »

Gilles Naudin a commencé par la chanson, comme chanteur et compositeur. C'est à l'occasion de ses tournées qu'il visite les galeries d'art et apprend à regarder les œuvres. En 1994, il ouvre sa galerie d'art au 3 rue Visconti. Depuis plus de trente ans, il défend des artistes d'horizons et pratiques divers. Comme il nous le dit dans l'interview : « Tout m'intéresse et c'est un vrai problème... » Peinture, sculpture, dessin, figuratif, abstrait... Gilles Naudin n'est pas exclusif, au contraire... Ce qui ne l'empêche pas de mettre son regard aiguisé au service de l'exigence. Nous nous sommes donné rendez-vous à sa Galerie GNG à Saint-Germain-des-Prés où il nous raconte son parcours.

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
12 mn de lecture

Avant d’arriver dans le monde de l’art, tu étais chanteur…

Exactement. J’écrivais des chansons, puis j’essayais de les présenter à toutes les maisons de disques. A un moment donné, il y a RCA qui a accepté ce que j’écrivais. RCA avait cet avantage, par rapport à beaucoup de maisons de disques, ils étaient très chansons françaises, ce qui m’a facilité les choses. J’avais environ vingt-cinq ans. J’ai fait quatre albums et des quarante-cinq… En dehors de ça, je tournais, j’avais quatre musiciens. Je tournais en France, puis à l’étranger… L’idée de la peinture m’est venue en allant dans chaque ville où je me trouvais. Pendant la balance, quand le technicien règle le son avant le spectacle, j’étais un peu libre l’après-midi et j’allais voir les galeries. J’achetais de temps en temps de la peinture, parce qu’il y a cet intérêt, mais à un moment donné on a envie d’avoir. C’est magnifique d’avoir cette envie, c’est une rencontre, se dire : « j’ai envie d’avoir ça chez moi ». C’est égoïste d’ailleurs, parce qu’après c’est fini, on n’est pas musée et il n’y a que nos proches qui voient le travail que nous avons acquis. Donc j’achetais de la peinture, j’ai continué la chanson assez longtemps, puis RCA s’est fait racheter par Sony, tout le monde a été viré, les directeurs artistiques, les artistes… J’avais encore un album qui devait être enregistré chez RCA. Je suis donc allé voir Pathé-Marconi et EMI qui m’ont pris aussi avec un 45. J’avais un directeur artistique que j’aimais vraiment beaucoup, je le connaissais pas bien, mais on s’appréciait vraiment. Malheureusement il est décédé et je n’avais plus de directeur artistique chez EMI. Il était avec Barbelivien, avec Charles Tallard… qui s’est longtemps occupé du PSG d’ailleurs pour faire un lien avec l’actualité. Bref, recommencer le combat, c’était trop difficile. Il y a un enjeu financier énorme pour faire un trente centimètres pour les musiciens, pour les studios… A chaque fois la difficulté c’était le financier. Il fallait qu’on rapporte un peu d’argent, c’est trop difficile. Déjà c’est difficile d’écrire des chansons, d’être content de soi sur douze titres, c’est pas si simple que ça… Donc j’ai arrêté. En même temps, j’avais un ami qui était dans la communication, donc j’ai fait un peu de communication, on avait fait une grosse exposition Dali. Après ça m’a plus intéressé… donc j’ai arrêté. Puis j’avais une amie qui avait une galerie rue Visconti, qui me dit « viens t’installer à côté de moi, il y a des trous partout ». Rien ne marchait, tout s’effondrait, il y avait beaucoup de boutiques à louer. On s’est arrangé avec la mairie de Paris et j’ai cette galerie depuis près de trente ans.

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans. 06 71 06 16 43 / thibault.loucheux@snobinart.fr
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