C’est à partir des années 1990 que Françoise Pétrovitch développe sa pratique artistique en utilisant différentes techniques comme la peinture, le dessin, la sculpture en céramique ou en bronze, la vidéo… Depuis, l’artiste poursuit la construction d’une œuvre marquée à la fois par l’histoire de l’art, mais aussi par un univers qu’elle a développé de toutes pièces autour de la diversité du vivant (le végétal, l’animal, l’humain…). Françoise Pétrovitch joue avec le paradoxe, le double, les périodes de transition, les nuances… On ne sait si ses œuvres sont douces ou violentes, bruyantes ou silencieuses, lumineuses ou sombres…
L’exposition au MO.CO. regroupe près de cent-trente œuvres réalisées entre 1994 et 2025. Parmi ces créations, les plus antérieurs sont montrées pour la première fois au public, tandis que d’autres ont été conçues spécialement pour cette mise en lumière dans l’institution montpelliéraine. Sur un os s’ouvre avec la série de portraits « Cinémascope » réalisée entre 2020 et 2024 qui aborde un sujet cher à Françoise Pétrovitch : l’enfance, l’adolescence et l’intimité. Dans les salles suivantes, les visiteurs peuvent découvrir ses productions des années 1990, avec des broderies sur toile, des- sins, collages et l’écriture. Vient ensuite le premier plateau du musée, qui ac- cueille souvent les œuvres les plus puissantes des expositions présentées au MO.CO. Sur un os ne fait pas exception à la règle, avec des toiles grands formats, mais surtout une série de dessins au lavis présentée sur deux lignes et qui sont « proches parfois d’une esthétique romantique ou symbolique, ainsi que des personnages tourmentés, confrontés à l’errance. » Si ces deux lignes sont saisissantes quand on se déplace dans l’espace, on peut regretter que les cadres, notamment les vitres, viennent poser un filtre qui n’était pas présent sur les productions de la première salle. Les dessins de Françoise Pétrovitch s’apprécient purs, sans intermédiaire, à vif, notamment quand on les regarde de près.
Au rez-de-chaussée on trouve une installation « immersive » réalisée avec Hervé Plumet et conçue pour cette exposition au MO.CO. L’ensemble est poussif, l’immersion ne prend pas à cause d’une installation bancale et le tout se trouve en décalage avec le reste de l’exposition. La lumière, trop présente, ne nous laisse pas apprécier les projections. On apprécie tout de même l’œuvre in situ représentant une fille-papillon sur deux murs de la salle.
Enfin, le sous-sol est un dialogue entre peintures et sculptures. Ces dernières sont en bronze et en céramique et on trouve notamment la sculpture Sur un os (2024), œuvre qui a donné son titre à l’exposition et qui représente une petite fille en équilibre sur un fémur d’ogre. On nous signale que la scénographie de cette salle a été pensée par Françoise Pétrovitch, ce qui nous permet de découvrir une partie un peu plus fantastique de son travail à travers ses sculptures représentant des animaux, créatures fantastiques ou hybrides, avec toujours ce thème de l’enfance qui nous rapproche du conte.
Si les différentes productions de Françoise Pétrovitch se répondent tant sur le fond que sur la forme, ses dessins semblent toucher un aboutissement dans la singularité picturale de la créatrice. Le papier permet à l’artiste de montrer toute l’étendue de sa maîtrise qu’elle met au service de la construction de son univers. Les contrastes sont plus saisissants, les lavis s’épanouissent sur le papier, au point d’offrir au visiteur une nouvelle lecture formelle que celle des sujets figurés. Ces mêmes lavis, qu’on pourrait presque comparer à des larmes immenses qui sont venues se déposer sur la surface du support, témoignent de la démarche sincère de la plasticienne.
A noter également que Françoise Pétrovitch expose jusqu’au 14 septembre 2025 au Musée Marmottan Monet à l’occasion d’un « Dialogue inattendu » avec Berthe Morisot. Pour l’occasion, l’artiste a réalisé une série de Soleils, des dessins grands formats représentant des tournesols (l’un de ces derniers est présenté au MO.CO.). Enfin, elle participe à l’exposition Animal ?! jusqu’au 2 novembre 2025 au Fonds Hélène & Edouard Leclerc aux côtés de cent-trente artistes modernes et contemporains comme Rosa Bonheur, Louise Bourgeois, Lucian Freud, Alberto Giacometti, Vassily Kandinsky, Henri Matisse, Germaine Richier, Annette Messager, Edi Dubien, Nina Childress…
Sur un os
Ftançoise Pétrovitch
au MO.CO. (Montpellier)
Jusqu’au 2 novembre 2025