Edi Dubien éblouit au Musée de la chasse et de la nature

Le Musée de la chasse et de la nature présente S'éclairer sans fin d'Edi Dubien depuis le 10 décembre. Prolongée jusqu'au 17 août, l'exposition crée un dialogue intime avec les collections permanentes du musée, tout en mettant en avant les thèmes chers à l'artiste comme l'enfance, l'identité, la nature, la mélancolie...

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
4 mn de lecture

Il existe des expositions que l’on rate, d’autres qui résistent et que l’on est amené à voir. Je n’avais pas spécialement prévu de découvrir S’éclairer sans fin d’Edi Dubien au Musée de la chasse et de la nature pour cause d’un agenda chargé et d’une date de finissage trop proche. Le prolongement de l’exposition jusqu’au 17 août et la découverte des œuvres de l’artiste aux foires Drawing Now et Art Paris sur le stand d’Alain Gutharc m’ont incité à la découvrir en ce premier dimanche de mai. C’était une de mes meilleures idées de l’année 2025.

Bien que l’exposition soit ouverte depuis le 10 décembre et que de nombreuses lignes lui ont été consacrées… Est-il encore pertinent d’y ajouter mon grain de sel ? Oui. Dans cette époque où tout va vite, la course au premier article est devenue un jeu bien trop pratiqué dans la profession. S’il est toujours mieux d’en rendre compte assez rapidement pour que le lecteur ait le temps de se tourner vers elle, l’exposition vit de son ouverture à sa fermeture, se dévoilant à chaque moment un peu plus différente et je suis heureux de l’avoir découverte à son sixième mois. D’autant qu’Edi Dubien nous invite ici à découvrir l’antithèse de cette époque accélérée, instantanée et expéditive. La découverte de S’éclairer sans fin en ce dimanche printanier parisien était une bonne idée.

On dit souvent que les créations d’un artiste sont marquées par ses expériences de vie. Chez Edi Dubien, il est évident que son œuvre est étroitement liée à son existence. Né fille en 1963 à Issy-les-Moulineaux, il ne se sent pas bien dans ce corps et se sent garçon. Cette enfance marquée par ce mal-être et la violence d’un père est ponctuée par des parenthèses enchantées lorsqu’il passe ses vacances d’été à Sarcenat en Auvergne. Dès lors, la nature devient une échappatoire, un espace de liberté.

Depuis Edi Dubien est devenu artiste en autodidacte. Il développe des œuvres « d’une profonde poésie et d’une émouvante humanité, qui explorent des thèmes liés à l’identité, à l’enfance et à la relation entre l’humain et la nature. Dans ses œuvres, enfants au regard mélancolique, animaux souvent fardés et végétaux développent des relations d’échange, de coopération, de métamorphose et, certainement, de consolation. Tout en douceur – ce dont nous avons assurément le plus besoin face à un monde de plus en plus normalisant et clivant, Edi Dubien célèbre l’altérité et la liberté d’être soi-même. Un hymne à l’amour et à la vie. »

S’éclairer sans fin a été réalisée sous le commissariat de Rémy Provendier- Commenne (responsable des collections du Musée de la Chasse et de la Nature) et réunit plus de deux-cent dessins, dont la plupart sont accrochés en pêle-mêle dans la première salle du Musée. D’autres œuvres (peintures, sculptures, installations), se déploient dans tout le musée, créant un dialogue avec les collections permanentes. Les dessins sont particulièrement intenses, l’artiste laissant percevoir aux visiteurs des coulures, comme des larmes, qui créent un mouvement à la fois doux et mélancolique. A travers ces créations poétiques, on retrouve les thèmes chers à l’artiste comme l’enfance, l’identité, la nature…

S’éclairer sans fin
Musée de la chasse et de la nature (Paris) 
Jusqu’au 17 août 2025

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans. 06 71 06 16 43 / thibault.loucheux@snobinart.fr
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