C’est à l’occasion de l’exposition Les Nymphéas : Miroirs des profondeurs à la Strouk Gallery que j’ai découvert le travail de Vincent Gicquel. En réunissant six artistes, la galerie parisienne a souhaité apporter une vision contemporaine à l’œuvre de Claude Monet en s’appuyant sur les notions de « surface » et de « profondeur ». Ils étaient six artistes à avoir été choisis par la Strouk Gallery et par Thomas Bernard, commissaire de l’exposition : Vincent Beaurin, Christophe Doucet, Ludivine Gonthier, Orsten Groom, Marlène Mocquet et Vincent Gicquel. Chacun à leur manière mais tous avec une grande liberté, ces univers se construisent par un phénomène de puisement dans les profondeurs de l’imaginaire. Avec le thème de l’exposition, on comprend pourquoi Thomas Bernard a choisi Vincent Gicquel parmi les participants.
L’artiste est né en 1974, il vit et travaille aujourd’hui à Bordeaux. Son œuvre n’est pas passée inaperçue dans le monde de l’art, la Fondation Pinault ayant fait l’acquisition de cinq de ses pièces à l’occasion de l’exposition Debout ! Au Couvent des Jacobins à Rennes en 2028. Longtemps inspiré par les peintres allemands issus de l’École de Leipzig, il se détache des traits réalistes pour le développement d’une esthétique qui traduirait une recherche sur la condition humaine. Ses personnages humanoïdes flottants et liquides semblent sortir des abysses… L’effroi né lorsqu’on plonge notre regard dans celui de ces créatures, qui semblent savoir quelque chose de nous sans le dire. On ne sait si elle nous accuse ou si elles nous soutiennent, comme on hésite entre la peur et la dérision. On se retrouve seul devant nos contradictions. S’ils nous regardent, ces personnages agissent dans un monde qui a perdu son décor. On ne sait pas ce qu’ils font, ni ce qui motive leur entreprise, mais ils font. Des toiles définies comme tragico-comiques qui révèlent toute la banalité et l’absurdité de l’existence humaine.
Quelques semaines après cette exposition à la Strouk Gallery, c’est la Galerie RX&SLAG Paris qui expose les toiles de Vincent Gicquel. Cette exposition personnelle intitulée Mon beau miroir marque un tournant dans sa pratique artistique. A travers les quatorze œuvres présentées, le peintre affirme un intérêt marqué pour la couleur qui traduit une nouvelle recherche dans la représentation des paysages, comme il l’explique dans la présentation de l’exposition : « Dans cette série, si la peinture semble avoir pris le dessus sur les personnages, les corps restent le centre névralgique de toutes les questions. Englués dans cette nature, souvent seuls, ils restent l’unique connexion à partir de laquelle nous faisons du monde, notre propre monde. Ce corps encombrant que l’on traîne comme un fardeau accroché à l’esprit, c’est notre dernier lien avec la nature extérieur qui nous résiste. » Après les « Miroirs des profondeurs » qui faisaient échos à l’absurdité de l’homme et de ses entreprises, ce « beau miroir » est le reflet de la relation qu’il entretient avec le monde qui l’entoure. Cette exposition témoigne de la fragilité de la vie, de la précarité de notre chemin et de la tragédie de notre destinée.
Mon beau miroir
Vincent Gicquel
Galerie RX&SLAG (Paris)
Jusqu’au 26 avril 2025