Les Nymphéas de Claude Monet, point de départ de l’exposition
Si Claude Monet détient une place toute particulière dans l’histoire de l’art, c’est parce qu’il a ouvert la voie de la modernité, notamment avec son tableau Impression, soleil levant, œuvre considérée comme fondatrice du mouvement impressionniste qui donna son nom au mouvement en 1874. Dans cette représentation du port du Havre, il y a l’eau qui compose le deux tiers inférieurs de l’œuvre. La surface est représentée dans des teintes bleues-vertes, à l’exception du reflet du soleil. Déjà, la surface et les profondeurs révèlent une forme de mystère.
A la fin des années 1890, Claude Monet entame le cycle des Nymphéas… il durera trois décennies, l’étendant jusqu’à sa mort en 1926. En tout, ce sont près de trois cents tableaux, dont quarante grands formats qui composent cet ensemble unique. Pour réaliser ces peintures qui ont marqué l’histoire de la peinture, l’artiste s’inspire du jardin d’eau qu’il a conçu dans sa propriété de Giverny.
Une vision contemporaine de ces « Miroirs des profondeurs »
La Strouk Gallery a souhaité apporter une vision contemporaine à l’œuvre de Claude Monet en s’appuyant sur les notions de « surface » et de « profondeur ». La galerie fait le lien avec la Première Guerre mondiale qui sévit durant la conception des Nymphéas : « Cette contemporanéité tragique charge les Nymphéas d’une dimension mémorielle insoupçonnée : sous la beauté de la surface picturale dorment les morts, comme sous les reflets paisibles des étangs reposent les corps des soldats dans les terres détrempées du front. » Les nymphéas et la surface de l’eau deviennent alors « les symboles d’un entre-deux mystérieux. »
La surface cache les profondeurs. Ce que l’on ne voit pas provoque à la fois une activation de notre imaginaire, mais aussi un phénomène de peur. C’est le principe du monstre sous le lit, on ne le voit pas, mais on l’imagine. Bien que ce soit le fruit de notre imagination, est-ce que cela veut dire que ce n’est pas réel ? L’invisible peut-il soudainement devenir visible sous le prisme de l’invention de l’esprit ?
Ils sont six artistes à avoir été choisis par la Strouk Gallery et par Thomas Bernard, commissaire de l’exposition : Vincent Beaurin, Christophe Doucet, Vincent Gicquel, Ludivine Gonthier, Orsten Groom et Marlène Mocquet. Chacun à leur manière mais tous avec une grande liberté, ces univers se construisent par un phénomène de puisement dans les profondeurs de l’imaginaire. Les humanoïdes flottants et liquides de Vincent Gicquel semblent sortir des abysses… Derrière les couleurs et les formes d’Orsten Groom se cache un envoûtement poétique… Marlène Mocquet nous renvoie à l’enfance, avec ces créatures que l’on ne peut fabuler qu’à l’aurore de l’existence… Les totems de Christophe Doucet relient le monde des vivants au surnaturel… Ludivine Gonthier résiste à la « trivialité du présent »… Alors que Vincent Beaumont nous invite à perdre notre regard dans la matière…
Les Nymphéas : Miroirs des profondeurs
Vincent Beaurin – Christophe Doucet – Vincent Gicquel – Ludivine Gonthier – Orsten Groom – Marlène Mocquet
Strouk Gallery (Paris)
Jusqu’au 8 mars 2025