L’ « Odyssée de l’imaginaire » de Chris Aerfeldt

Chris Aerfeldt expose son « Odyssée de l'imaginaire » à l'espace Saint-Ravy jusqu'au 20 octobre. L'artiste se saisit des codes de l'histoire de l'art, de son enfance, de ses questionnements personnels en ajoutant à ses toiles une force qui leur confère une dimension contemporaine.

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
3 mn de lecture

Jusqu’au 20 octobre, l’espace Saint-Ravy présente les toiles de Chris Aerfeldt, artiste d’origine australienne installée à Montpellier depuis des années. Si l’artiste a été montrée à l’étranger, notamment dans son pays natal et en Angleterre (où elle a fait ses études), l’hexagone s’est longtemps montré frileux devant la figuration. Le renouveau du genre lui offre désormais la possibilité d’exploiter les cimaises françaises.

Cette Odyssée de l’imaginaire, Chris Aerfeldt se l’est construite durant son enfance. Se sentant « invisible et ignorée » durant ses jeunes années, elle choisit de s’évader dans des contes et histoires fantastiques et de s’exprimer par la peinture à l’huile.

Dès que nous entrons dans l’espace Saint-Ravy, on ressent toute la charge personnelle transférée dans les toiles de Chris Aerfeldt. Nous découvrons de grands tableaux, sur lesquels des portraits de femmes sont représentés en extérieur. L’artiste assume la dimension féministe de ses peintures, laissant sortir ces femmes qui ont trop souvent été confinées dans des intérieurs domestiques dans l’histoire de l’art. Elles sont libres et puissantes tout en assumant leur grande part de féminité arborant des costumes inspirés de la haute couture et se refusant toute obligation de la maternité. Les animaux présents dans les toiles (lapins, chats…) sont en quelque sorte leurs enfants. Chris Aerfeldt a d’ailleurs réagi par les pinceaux aux propos de JD Vance, colistier Républicain. Le soutien de Donald Trump s’en prenait aux « femmes à chats » qui ne sont pas devenues mères. C’est pourquoi elle a décidé de réaliser une série de « femmes à chats ».

« La Madone des champs (sans enfants) » de Chris Aerfeldt (2023) – Photo : Thibault Loucheux-Legendre / Snobinart

D’un point de vue esthétique, les tableaux de Chris Aerfeldt hésitent entre inspiration de l’histoire de l’art et l’intuition purement contemporaine. L’artiste connaît les maîtres et avoue avoir un faible pour les peintres espagnols. Ses toiles les plus anciennes et les plus fantastiques sont inspirées par certains tableaux de la Renaissance italienne (Vénus de Botticelli notamment). L’artiste se saisit des codes de cette histoire de l’art, de son enfance, de ses questionnements personnels en ajoutant à ses toiles une force qui la place incontestablement dans un art contemporain. Le vieux rose rococo cohabite avec le rose fluo, comme pour électriser ses personnages et ses décors, leur apportant une touche pop, voire radioactive ou magnétique… Les sujets et les couleurs s’imposent, ont un impact fort sur celui qui regarde. Cette dimension contemporaine est assumée jusqu’au processus de création, l’artiste demandant à l’Intelligence Artificielle de planifier les images qui deviendront ses tableaux. Pour elle, ce n’est pas tant l’idée de reproduire des images faites par l’IA que de « libérer ces femmes « artificielles » de ce monde-là. »

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans. 06 71 06 16 43 / thibault.loucheux@snobinart.fr
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