L’arrivée de la peinture moderne
Dans les années 1960, le « groupe des Batignolles », composé d’artistes tels que Frédéric Bazille, Paul Cézanne, Edgar Degas, Claude Monet, Camille Pissaro, Auguste Renoir ou encore Alfred Sisley se retrouve régulièrement dans le 17e arrondissement de Paris. Au café Guerbois, les peintres échangent autour de leurs pratiques, de leur vision de l’art… Ils s’opposent aux codes de la peinture classique et au style académique, ce qui leur vaut d’être refusés au Salon de Paris. À l’époque, on sélectionne une peinture bourgeoise, les scènes d’histoire et de mythologie. Ces jeunes artistes se rassemblent autour d’Édouard Manet.
En 1863, le Jury du Salon de Paris est considéré comme trop intransigeant et devient la cible de la colère de nombreux artistes. L’empereur Napoléon III se voit contraint d’organiser un Salon des refusés. Plus de 1500 œuvres initialement rejetées sont finalement montrées. Parmi elles, un tableau fait scandale : Le Bain, qui sera appelé plus tard Le Déjeuner sur l’herbe (1863) d’Édouard Manet. Ce dernier brise les limites imposées par la peinture classique, en se libérant notamment des règles de la perspective. Mais ce qui choque principalement les visiteurs, c’est la femme nue entourée par deux hommes habillés. C’est une femme ordinaire, dénuée à la fois de vêtement et de contexte mythologique. C’est une œuvre indécente pour lescritiques et la bourgeoisie, mais un véritable vent de modernité pour les jeunes artistes qui refusent l’art officiel. Ces derniers veulent se rapprocher de la vérité des sentiments, de la vie moderne en abordant des sujets réalistes ou en plein air.
1874 : naissance de l’impressionnisme
Restant fidèles à leurs engagements artistiques, leurs toiles ne répondent pas aux attentes du jury et sont presque systématiquement rejetées par le Salon officiel. Certains membres du groupe des Batignolles refusent même d’y présenter des tableaux. C’est pourquoi ils décident de créer leur propre exposition collective au printemps 1874 dans le studio de Nadar, leur ami photographe qui se situe au 35 Boulevard des Capucines. L’inauguration a lieu le 15 avril 1874. Ils sont une trentaine à exposer plus de deux-cents toiles. Degas présente ses danseuses de l’opéra, Sisley et Pissaro montrent leurs paysages, Renoir ses jeunes femmes modernes… Eugène Boudin, Paul Cézanne, Berthe Morisot exposent également leurs œuvres. Claude Monet marque les esprits avec son tableau Impression, soleil levant, œuvre considérée comme fondatrice du mouvement impressionniste.
Si cette exposition est considérée aujourd’hui comme l’une des plus importantes de l’histoire de la peinture, les accueils étaient bien plus mitigés à l’époque. Très peu de toiles sont vendues et les critiques sont assassines. Parmi elles, Louis Leroy, journaliste au Charivari, écrit dans son article du 25 avril 1874 sur le tableau Impression, soleil levant de Monet : « Impression, j’en étais sûr. Je me disais, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans ». Louis Leroy les appelle alors « les impressionnistes ». Les peintres adoptent ce nom, revendiquant pleinement leur style et créant ainsi l’un des mouvements picturaux les plus importants de l’histoire de la peinture.
Malgré l’incompréhension quasi générale à Paris autour de ces œuvres nouvelles, les impressionnistes peuvent compter sur un soutien de poids : Paul Durand-Ruel. Ce marchand d’art est un des premiers à soutenir les peintres du mouvement, s’acharnant à acheter leurs toiles et à les exporter en Angleterre, en Allemagne et aux États-Unis. Appréciés d’abord à l’étranger, les impressionnistes connaissent un succès plus tardif en France.