Tout comme une œuvre, une belle exposition dépend souvent d’une bonne histoire… Le point de départ de SOL ! La biennale du territoire #2 – Soleil Triste se situe à quelques mètres de la Panacée en 1776. À cette époque, le Marquis de Sade est à Montpellier et rencontre une certaine Catherine Trillet qui devient domestique dans son Château La Coste. Quelques années plus tard, en 1791, Catherine Trillet devient Justine dans l’ouvrage de Sade Justine et les malheurs de la vertu.
C’est avec ce point de départ narratif qu’Anya Harrison, commissaire de l’exposition, a sélectionné les artistes qui participent à cette deuxième biennale du territoire. Il ressort deux thèmes principaux de cet épisode de la vie du Marquis : le corps et le langage. Si une nouvelle fois de trop nombreuses œuvres abordent les sujets sociétaux importants de notre temps, la plupart ne prend pas le dessus sur l’intérêt formel. En effet, une certaine cohérence se dégage malgré la grande pluralité des supports choisis par les artistes.
L’exposition débute avec une série signée Robert Combas et intitulée Dessins dans la lumière du soir. Ces petits formats érotiques nous font redécouvrir un artiste qui a été largement montré dans la région, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Dans la même salle, des sortes de bulles en verre soufflé de Sofia Lautrec apportent une grande sensibilité souvent oubliée dans l’art aujourd’hui. Pour réaliser ses pièces poétiques, la jeune artiste a fait appel à un souffleur de verre qui récitait ses poèmes durant la réalisation de la pièce. Une manière de voir la beauté des mots s’exprimer sur un autre support. D’autres pièces sont captivantes comme Wet Men de Lou Masduraud (photo), Odore di femmina et A black bat (deux sculptures de Johan Creten), le Christ Rick de Dominique Renson, deux œuvres de Jean-Michel Othoniel, ou encore la grande toile de l’artiste Samuel Spone qui peint avec de la javel et que nous avions découvert à la Galerie Chantiers BoîteNoire à la fin de l’année 2022. Mais la palme revient une nouvelle fois à Chloé Viton. Après sa série Cosmic Soup, nous découvrons une nouvelle entité réalisée par la plasticienne avec une pièce qui s’intitule Hématie, The Birth of Oni Baba. L’artiste montpelliéraine fait une nouvelle fois l’unanimité avec cette sculpture monumentale inspirée par le Japon dont les matières lui apportent une grande vitalité. Durant le vernissage, la sculpture s’est activée et a accouché de l’artiste lors d’une performance. Si la majorité des œuvres sont passionnantes, d’autres présentent un intérêt limité, notamment un portrait réalisé avec des matières fécales. Depuis Piero Manzoni et Wim Delvoye, il est difficile d’aborder ce thème en y trouvant un quelconque intérêt et sans s’approcher d’une certaine vulgarité qui n’est en rien transgressive.
Il est souvent difficile de lancer une biennale, il est encore plus compliqué de l’installer dans le temps. La seconde édition est toujours attendue… Quelle riche idée que cette biennale du territoire !