Les œuvres foisonnantes de Thibaut Huchard à la Galerie Valérie Delaunay

Jusqu'au 1er mars, la Galerie Valérie Delaunay consacre son espace aux peintures de Thibaut Huchard. Dans cette exposition intitulée « Bagarre, Dauphins et Purgatoire », le peintre nous présente une œuvre mouvante autour de la narration, de l'humour, tout en portant un regard sur notre société.

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
4 mn de lecture

Il ne fallait pas être ochlophobe au 20 rue Chapon le 30 janvier dernier… La Galerie Valérie Delaunay faisait salle comble en ce soir de vernissage… Les œuvres de Thibaut Huchard aussi.

L’artiste est diplômé de l’École Émile-Cohl de dessin de Lyon. Depuis 2014, année de sa participation au Salon de Montrouge, il développe une œuvre en perpétuel déplacement autour de la narration, de l’humour, tout en portant un regard sur notre société. Dans sa présentation de l’exposition, Chirine Hammouch nous explique la démarche de l’artiste : « À partir de scènes isolées pensées dès 2014, l’artiste recompose inlassablement, au moyen de dessins préparatoires sur papier calque, de grandes fresques traversées par les mêmes objets de questionnements. Cela donne une œuvre titanesque tant il y a d’éléments qui accrochent le regard, une multitude de personnages qui y fourmille. »

Commençons d’abord par une évidence : les toiles de Thibaut Huchard sont d’une richesse quasi infinie, que cela soit sur le fonds ou la forme. On voit les références artistiques et historiques, sans véritablement parvenir à situer une influence dominante. On pense autant à la Figuration Libre qu’à l’art traditionnel chinois, à la bande dessinée qu’aux tatouages old School, à la Renaissance qu’aux représentations religieuses médiévales, au Surréalisme qu’à l’art byzantin… Chirine Hammouch nous parle aussi des frères Van Eyck, de Fra Angelico, de Jérôme Bosch, de Paolo Uccello, de Georges de La Tour, de style naïf… Oui, il y a tout ça chez Thibaut Huchard. Il emprunte des motifs, des formats, des couleurs pour construire son propre univers et raconter des histoires. Pour remonter encore plus loin dans les références, les formes développées par l’artiste pourraient s’approcher d’une écriture hiéroglyphique, comme si ses tableaux devenaient une écriture figurative.

Je dis souvent que le premier devoir de l’artiste envers le spectateur est de lui raconter une histoire. La convocation du narratif chez Thibaut Huchard est évidente tant ses tableaux transpirent le récit. Le sien est complexe, se situant entre le réel et le surnaturel. Avec ces références au passé ou au fantastique, le peintre crée une mythologie contemporaine et parle de notre époque. Les personnages et les motifs se multiplient et cohabitent non sans mal, les anges avec les soldats, les bestiaires s’attaquent aux voitures, les usines chauffent aux côtés des châteaux en flammes… L’artiste apporte avec ses toiles mouvantes et bruyantes le témoignage d’une réflexion personnelle sur l’évolution sociale, économique et politique de notre monde.

Loin de centrer son geste uniquement vers la gravité, les formes et le processus créatif de Thibaut Huchard s’articulent aussi autour de l’humour. La galerie se transforme soudainement en terrain de jeu et le spectateur plonge dans une expérience ludique. Une démarche qui nous renvoie à l’enfance, nous jouons au jeu des différences comme l’artiste s’amuse avec les formats. Un événement divertissant qui tournerait presque à l’obsession… Ne dit-on pas que le diable se cache dans les détails ?

Bagarre, Dauphins et Purgatoire
Thibaut Huchard
Galerie Valérie Delaunay (Paris)
Jusqu’au 1er mars

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans. 06 71 06 16 43 / thibault.loucheux@snobinart.fr
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