En ce début d’année 2025, nous pouvons découvrir de jeunes plasticiens au Salon de Montrouge ou encore dans l’exposition des félicités au Palais des Beaux-Arts… Cette mise en lumière de la création émergente m’a inspiré et vous retrouvez certainement un dossier qui lui sera consacré dans notre prochain numéro. Les galeristes ne manquent pas non plus de faire confiance à des artistes talentueux qui arrivent sur le marché de l’art. C’est le cas de la Galerie Olivier Waltman qui expose jusqu’au 1er mars Chloé Tiravy dans le Marais.
Contact est la première exposition de Chloé Tiravy avec la Galerie Olivier Waltman. Née à Aurillac en 1989, elle est diplômée de l’école de Beaux-Arts de Madrid en 2010, puis obtient un Master en Arts Plastiques à l’Université Michel de Montaigne de Bordeaux en 2011. Elle a participé à plusieurs expositions, notamment en Espagne et vit aujourd’hui en Catalogne.
Le « contact », c’est évidemment le toucher, mais aussi la rencontre, l’échange, la sensibilité… Une relation entre le corps et l’esprit qui dévoile une part d’intimité. La galerie nous explique la démarche de Chloé Tiravy pour cette exposition : « Élans des corps, mains tendues, tentatives d’étreintes : ces peintures nous montrent des personnages désireux d’entrer « en résonance avec le monde ». Selon cette idée chère au philosophe Hartmut Rosa, ils sont à la fois animés d’un élan vers le monde et les autres, mais aussi réciproquement disposés à être touchés par eux, ouverts à ce qu’ils voient, ce qu’ils entendent, ce qu’ils ressentent. »
Ce qui est frappant chez Chloé Tiravy, c’est son travail sur la composition. Si le sujet semble attirer l’attention du spectateur dans un premier temps, il est en réalité un élément parmi d’autres dans la contemporanéité du geste de l’artiste. Le fonds et paysages sont flous et vaporeux, traduisant une destruction des frontières avec le réel ou le visible, pour entrer dans l’intimité de ses personnages. C’est comme si la profondeur de ces derniers était révélée par cet espace qui les entoure. Le tableau le plus saisissant et le plus représentatif de cette affirmation est aussi l’un des plus anciens dans l’exposition. Intitulé L’Approche, il traduit parfaitement les compositions singulières de Chloé Tiravy. Nous voyons les deux personnages au centre qui sont traversés par des bandes d’un orange plus foncé que le décor. Ces bandes droites s’opposent à la plante à gauche et aux montagnes à l’arrière-plan, dont les feuilles et les sommets semblent se déployer avec une grande liberté. C’est une cohabitation entre la rigueur et la permission, entre ce qu’on laisse percevoir de nous aux autres et ce que l’on est réellement. Dans les toiles plus récentes, la peintre poursuit ce travail singulier sur la composition, s’autorisant plus de souplesse dans le choix des couleurs. Habituée dans le passé à travailler la chaleur et les oranges, c’est à Florence qu’elle s’est offert cette liberté en découvrant que les maîtres de la Renaissance faisaient cohabiter les roses, les verts, les bleus… le tout dans une harmonie admirable. Le mouvement artistique né en Italie a aussi influencé l’artiste pour sa toile Les Amis qui est accrochée sur les hauteurs de la galerie, à l’image des plafonds de la Renaissance. Nous pouvons y voir cinq femmes aux différentes étapes de leur réalisation par Choé Tiravy, ainsi que le portrait de l’artiste elle-même, dont la présence peut s’apparenter à un caméo. Une manière pour la peintre d’établir un nouveau contact avec ses modèles, mais aussi avec celui qui regarde.
Contact
Chloé Tiravy
Galerie Olivier Waltman
Jusqu’au 1er mars 2025