Raphaela Simon est de retour à la Galerie Max Hetzler en ce début d’année 2025. Il s’agit de la sixième exposition de l’artiste allemande avec la galerie et la deuxième dans son espace parisien. Les fidèles visiteurs de la capitale française avaient déjà pu découvrir The Fashion show début 2021 dans laquelle la plasticienne s’appropriait les éléments de la société de consommation et du digital à travers des peintures et sculptures.
Le double espace de la Galerie Maw Hetzler rue du Temple est toujours jubilatoire. Les passants s’arrêtent devant le numéro 46 qui laisse entrevoir quelques œuvres de l’exposition à travers ses vitres. Des pièces qui font figure d’indices et qui viennent piquer notre curiosité. Ici, deux œuvres attirent notre attention : The red studio (2024) une peinture représentant une tête posée sur une chaise et Eishaut, une sculpture humanoïde en tissu d’une couleur bleutée. Il n’en faut pas plus pour que le visiteur fasse la démarche de pousser les portes du 57 pour découvrir la suite de l’exposition.
Raphaela Simon est née en 1986 à Villingen (Allemagne). Elle vit et travaille à Berlin. Durant sa formation, elle fut l’élève de deux grands artistes : Günther Förg à l’Académie des Beaux-Art de Munich et Peter Doig à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf. La plasticienne a connu plusieurs expositions personnelles au Oldenburger Kunstverein (2024), à la Fondazione Giuliani à Rome (2023), à la Kunsthalle Düsseldorf (2022)… Elle est représentée par la Galerie Max Hetzler depuis 2016.
Shelter from the cold est composée de douze pièces (onze peintures et une sculpture). Raphaela Simon semble vouloir nous noyer à la fois dans les profondeurs de l’âme et du corps, en témoigne les fonds noirs de ses tableaux qui s’apparentent à des monochromes sombres. Ces fonds nous rapprochent du néant, nous faisant voyager aux deux extrémités de la vie : la naissance et la mort. S’il n’y a pas la place pour cet entre-deux qu’est le parcours vital, elle montre malgré tout que ces points de départ et d’arrivée cultivent aussi une forme d’existence. Cette dernière se matérialise par les formes colorées, chaudes ou froides, qui apparaissent dans le cadre et qui questionnent le corps comme nous l’explique la galerie : « Shelter from the cold aborde les questions de physicalité et d’autonomie corporelle, deux thèmes récurrents dans l’œuvre de l’artiste et que l’on retrouve ici dans un style caractéristique maniant des formes simples, sans contexte et des arrière-plans monochromes. Jouant avec notre propension à attribuer un sens aux formes, les œuvres oscillent entre le chaud et le froid, l’exposition et l’abri, la figuration et l’abstraction. » Chez Raphaela Simon, les formes hésitent. Des lignes géométriques qui oscillent entre le segment et l’ondulation, le dur et le mou, la robustesse et la fragilité, l’inquiétude et la sérénité… On ne sait si elles s’épanouissent ou si elles veulent se libérer de leur condition. Certaines sont prisonnières d’un cocon, comme les deux visages enfermés dans un quadrillage avec Icebox (2024) ou les deux autres captifs du trop-plein de liberté et de vide avec Fall (2024), au point qu’ils se retrouvent la tête à l’envers… un peu comme le spectateur qui, dérouté mais fasciné, plonge corps et âme dans cet univers étrange de Rahaela Simon.
Shelter from the cold
Raphaela Simon
Galerie Max Hetzler (Paris)
Jusqu’au 22 février 2025